« Les généraux russes ont déjà dit à quelle fin ils comptaient utiliser ces navires: pour menacer les voisins de la Russie dans la mer Noire », a-t-il déclaré, soulignant qu’il s’agissait « de pays partenaires de l’Europe ».
« Nous avons nommé la Russie comme l’agresseur en Crimée et je ne pense pas que la France aimerait être dans la position de fournir des armes efficaces à un agresseur », a-t-il ajouté.
Interrogé sur le coût de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, le ministre polonais a assuré que « nous avons besoin de la diplomatie pour éviter d’avoir à imposer des sanctions supplémentaires ».
« Mais quand des pays s’emparent par la force d’une partie du territoire de leurs voisins, ce n’est pas le meilleur moment pour leur fournir un armement sophistiqué », a-t-il ajouté.
« La Russie doit accepter qu’elle a perdu son empire, comme cela a été le cas pour des puissances coloniales en Europe. La Russie doit admettre que l’Ukraine a choisi un chemin vers l’Europe et qu’elle n’a pas le droit de l’en empêcher par la force », a-t-il estimé.
La France et la Russie ont signé en 2001 ce contrat pour deux navires Mistral, le premier devant être livré en octobre 2014, le second en 2015 et destinés à la flotte russe de la Mer Noire.
Washington a mis en garde Paris à plusieurs reprises contre la vente à Moscou de ces navires militaires.
A Paris, le porte-parole du Quai d’Orsay Romain Nadal a réagi aux déclarations de M. Sikorski en soulignant lors d’un point presse qu' »un contrat a été signé. Il doit être honoré ».
Ce contrat de vente pour 1,2 milliard d’euros est maintenu « pour l’instant », avait affirmé le 10 mai le président François Hollande.
« Ce contrat a été signé en 2011, il s’exécute et il trouvera son aboutissement au mois d’octobre prochain. Pour l’instant il n’est pas remis en cause », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Stralsund en Allemagne.
Radoslaw Sikorski s’est par ailleurs déclaré favorable à un redéploiement des troupes de l’Otan vers l’Est.
« Le fait est qu’il y a une présence de l’Otan en Turquie, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni, au Portugal, en Allemagne: c’est un anachronisme de la guerre froide. Et cet anachronisme doit être examiné. Nous demandons seulement que soit appliqué ce qui avait été envisagé avant même que la Pologne ne rejoigne l’OTAN, en 1999, à savoir que certaines forces doivent être redéployées », a-t-il indiqué. « C’était il y a quinze ans, mais rien n’a été fait. Il est grand temps de corriger cette situation », a-t-il ajouté.