Le trafic maritime avait été interrompu dans le principal port du pays lorsque les rebelles chiites Houthis s’étaient emparés d’Aden fin mars, une avancée qui avait entraîné la fuite du président Abd Rabbo Mansour Hadi en Arabie saoudite voisine.
Le navire Venus de l’United Arab Shipping Co. (UASC) est chargé de 350 conteneurs de différents produits commandés par les commerçants d’Aden, a expliqué le directeur adjoint du port d’Aden, Aref al-Chaabi.
« Cela signifie le retour à la vie au port d’Aden et cela va profiter à la ville et aux provinces du sud », reprises ces dernières semaines par les forces anti-rebelles, a-t-il déclaré à l’AFP.
Selon M. Chaabi, d’autres navires vont suivre et le port est désormais ouvert au trafic maritime.
Depuis la reprise d’Aden le 17 juillet, de nombreux navires transportant des aides humanitaires avaient cependant pu livrer leurs cargaisons dans ce port.
Le Yémen est le théâtre depuis fin mars d’un conflit opposant les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, aux forces gouvernementales et d’autres groupes hostiles aux insurgés, soutenus par une coalition menée par l’Arabie saoudite.
Ryad a lancé le 26 mars une campagne de frappes aériennes au Yémen pour empêcher les rebelles, qui s’étaient emparés depuis l’année dernière de vastes régions dont la capitale Sanaa et Aden, de s’emparer de la totalité du pays.
Au total, plus de 4.400 personnes ont péri depuis mars dans les combats et les frappes, selon l’ONU.
La reprise d’Aden a constitué un tournant dans le conflit. C’est à partir de cette ville qu’ont été lancées les offensives pour récupérer les provinces qui constituaient l’ancien Yémen du sud, qui était un Etat indépendant avant 1990.
L’aéroport d’Aden, endommagé par les combats, avait été rouvert le 22 juillet, ce qui a permis d’acheminer plusieurs cargaisons d’aide humanitaire de pays membres de la coalition comme l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ou le Qatar.
– Urgence humanitaire –
Hodeida, le principal port de l’ouest du Yémen, sur la mer Rouge, reste lui pour le moment sous le contrôle des rebelles.
Il a été bombardé mardi par la coalition et les attaques semblent avoir fait des victimes parmi les rebelles et des dockers. Mais aucun bilan n’a pu être établi de façon fiable par l’AFP.
Ces bombardements ont soulevé une vague de critiques, notamment des États-Unis qui se sont dits « vivement préoccupés ».
« Nous sommes vivement préoccupés par l’attaque du 18 août sur des infrastructures essentielles du port d’Hodeida », a déclaré jeudi soir le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche, Alistair Baskey.
« Le port est le principal point d’entrée de l’aide à la population yéménite pour les médicaments, la nourriture et le carburant », a-t-il souligné.
Les bombardements sur Hodeida ont également suscité des critiques de la part de l’Union Européenne et des Nations Unies, un haut responsable de l’ONU ayant déclaré devant le Conseil de sécurité que ces attaques contrevenaient « clairement au droit humanitaire international ».
Le patron des Affaires humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien, s’est dit extrêmement préoccupé par les dégâts de ces bombardements susceptibles d’aggraver la crise humanitaire.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), six millions de personnes ont besoin d’une aide extérieure d’urgence pour se nourrir. L’agence a prévenu que la famine menaçait le pays, où plus de 500.000 enfants souffrent de malnutrition aiguë.
Outre les rebelles chiites, les forces gouvernementales font face à des attaques d’Al-Qaïda, actif notamment dans l’est du pays.
Des sources tribales ont indiqué vendredi que trois membres présumés du groupe radical sunnite avaient été tués à l’aube dans une attaque de drone dans la province de Marib, à l’est de Sanaa. Seuls les Etats-Unis possèdent des drones dans cette région.