Saint-Pierre et Miquelon caresse un projet de grand port de transbordement

La visite du président de la République est l’occasion de faire le point sur cette idée, qui fait l’objet d’études de faisabilité depuis deux ans et commence à prendre forme. L’enjeu est de taille dans cet archipel de 6.000 habitants au taux de chômage de moins de 7% mais où les grands travaux publics viennent de s’achever.

Saint-Pierre et Miquelon, situé dans l’Atlantique nord en face du Saint-Laurent, « a l’avantage d’être au croisement de plusieurs routes maritimes: de l’Europe du nord vers Montréal et la côte est des États-unis, de l’Asie via Suez et la Méditerranée vers Montréal », explique à l’AFP Michel Darche, président de la Nord Atlantic Container Terminal (NACT), société ad hoc créée il y a un mois par deux entreprises privées de l’archipel (Hélène et Fils et la SPI).

De plus, le port de Saint-Pierre atteint « rapidement les 25 mètres de tirant d’eau, ce qui permettrait d’accueillir des gros navires, il bénéficie d’une protection naturelle, il y a de la place et pas de concurrence avec d’autres activités portuaires », détaille M. Darche, qui fut le directeur d’exploitation du port du Havre.

Il avance aussi l’absence, en Amérique du nord, de hub de transbordement: « ce n’est pas dans la culture des États-Unis et du Canada dont les ports sont très chers et soumis à des cultures syndicales pesantes ».

Selon les études, co-financées par le Medef local (présidé par Roger Hélène) et l’État à hauteur de 80.000 euros, entre 100 et 180 emplois directs seraient générés à l’horizon 2020 par le terminal dont le coût total de réalisation (infrastructure et équipements) s’élèverait à environ 300 millions d’euros.

Reste que ce projet est adossé à une aide de l’État via la défiscalisation, au titre des investissements outre-mer, qui pourrait représenter « entre 50 et 100 millions d’euros de la somme totale », selon les estimations du ministère des Outre-mer.

« Si nous n’y croyons pas, nous n’aurions pas proposé une présentation du projet au président », déclare à l’AFP Jean-Christophe Bouvier, préfet de l’archipel, « mais il y a besoin de sécuriser le projet sur les volumes qui seront traités et sur les partenaires financiers ».

Sur le terrain, « la quasi-totalité des élus soutiennent ce projet », assure Annick Girardin (PRG), secrétaire d’État à la francophonie et ancienne députée de l’archipel. La sénatrice-maire de Saint-Pierre, Karine Claireaux (PS), se prend elle à réfléchir aux formations à dispenser pour former localement la main d’oeuvre.

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