Le record des 24 heures sur la sellette ?
La situation est idyllique pour le Britannique. Elle l’est également pour ses proches poursuivants. Leur positionnement, relativement proche des côtes brésiliennes, pourrait surprendre. Mais il s’explique par le fait qu’il faut contourner par l’Ouest le fameux anticyclone de Sainte-Hélène qui s’étend très au large de l’Afrique et barre la route en Atlantique Sud.
Des bizuths décomplexés
Pour tout le monde ou presque, le Pot au Noir n’est plus qu’un (mauvais) souvenir. Plus de la moitié de la flotte du huitième Vendée Globe navigue désormais dans l’hémisphère Sud. On entre dans le dur. L’équateur franchi, le prochain point de passage symbolique est le cap de Bonne Espérance, qui marque l’entrée dans les mers du Sud. Une échéance vertigineuse, mais qui ne refroidit pas les 14 bizuths du Vendée Globe, qui sont encore tous en course. Deux d’entre eux sont solidement installés dans le Top 10 : Morgan Lagravière et Paul Meilhat. « Je n’ai pas eu de gros soucis techniques pour le moment, ça se déroule bien, je suis plutôt dans le match. Ce n’est pas un scénario parfait, car sinon je serais en tête, mais c’est sympa à vivre et je suis dans une dynamique positive », se réjouissait Morgan Lagravière, joint ce midi dans le Vendée Live.
Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine), lui, lutte contre des figures du Vendée Globe. Ses deux prédécesseurs au classement sont Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et son premier poursuivant Kito de Pavant (Bastide Otio).
Trois questions à l’architecte Guillaume Verdier
En association avec le cabinet VPLP, Guillaume Verdier a dessiné douze des vingt-neuf bateaux engagés dans cette huitième édition, dont les huit premiers au classement !
Douze jours après le départ, on ne déplore pas d’abandon officiel. Que vous inspire cette situation ?
« Elle me réjouit bien sûr. La fiabilité est le sujet qui me donne un nœud à l’estomac. En tant que responsable des structures, c’est ce qui m’inquiète le plus, davantage que la performance. Les bateaux n’ont pas encore subi de tempête, ils sont passés à travers les mailles du filet et cela a bien préservé le matériel. C’est la première fois qu’on va voir autant de bateaux à l’équateur, c’est fantastique. Le seul bémol c’est que Tanguy de Lamotte a rencontré un problème inhabituel (une rupture de la tête de mât, ndr). »
Comment jugez-vous les performances d’Alex Thomson ?
« Je ne suis pas étonné de le voir devant. C’est lui qui a pris les plus grands risques architecturaux. Alex dispose d’un bateau moins polyvalent que les autres foilers, mais quand les conditions lui sont favorables, il est plus rapide. La coque d’Hugo Boss n’est pas très différente de celles des autres foilers. En revanche, pour ce qui est de la taille des foils, il y a une nette différence sur le pourcentage de portance. C’est ce qui fait la différence en terme de performance. C’est un bond en avant d’avoir conçu un appendice si grand. Le fait que le foil pousse plus permet d’avoir moins de résistance, et donc d’aller plus vite. »
Pensez-vous qu’Alex pousse plus son bateau que ses poursuivants ?
« Non, je ne pense pas. Mais comme il aligne des vitesses moyennes plus élevées, la navigation doit être plus stressante. Et attention à la préservation du bateau. Davantage que ses concurrents, il va falloir qu’il soit vigilant dans les tempêtes et dans les mers du Sud, en sachant rétracter son foil suffisamment tôt…