A Calais, une quinzaine de fileyeurs, venus successivement depuis 09H00 de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque, se sont placés devant les jetées du port. Leur action tout au long de la journée a conduit les compagnies à dérouter vers Dunkerque le trafic entre la Grande-Bretagne et Calais, selon un porte-parole du port de Douvres.
Vers 14H30, une quinzaine de bateaux de pêche, filtraient encore les entrées et les sorties du port de Calais: un ferry entrait ou sortait toutes les heures, au lieu de toutes les demi-heures. Ce jeudi est « une grosse journée » en volume de trafic, a indiqué à l’AFP la capitainerie du port.
Une vedette de la gendarmerie nautique était en surveillance près de l’entrée.
Plusieurs car-ferrys des compagnies P&O et DFDS étaient en attente à Calais et Douvres (Grande-Bretagne), dont le port était ouvert mais subissait le contre-coup du blocage côté français, ont informé les compagnies.
« Il est absolument inacceptable qu’il soit permis à un petit nombre d’individus d’immobiliser un port sur lequel des milliers d’entreprises et de touristes comptent chaque jour », a protesté, la directrice générale de P & O Ferries, Janette Bell.
Dans un communiqué, elle en a appelé « aux autorités françaises pour nous assurer que la situation soit rétablie sans délai et que le port de Calais puisse être ouvert à nouveau au trafic ».
Une réunion entre le sous-préfet et les pêcheurs pour tenter de dénouer la situation a commencé vers 14H30 à la sous-préfecture de Calais. Au même moment, le filtrage du port se poursuivait.
Le mouvement n’a pas engorgé la rocade portuaire de Calais.
L’action avait commencé bien avant le lever du jour. A partir de 05h30, une dizaine de pêcheurs avaient interdit l’accès routier à la gare de marée du port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Le sas commandant l’entrée du bassin où les senneurs néerlandais débarquent le poisson a également été bloqué, dans la matinée, par deux fileyeurs.
Les pêcheurs du littoral entendent protester contre la pêche électrique, pratiquée par des navires néerlandais en mer du Nord.
« On demande des mesures d’accompagnement d’urgence à l’État français et une aide financière rapide », a déclaré à Calais Christian Dubois, du comité régional des pêches, réclamant 30.000 euros par bateau sur trois ans. « Contre la pêche électrique, il est trop tard. Les hollandais ont ravagé la mer et il n y a plus de poissons. Il faudrait 4 à 5 ans pour que la ressource se reconstitue sur nos côtes », a-t-il ajouté.
Ce mouvement des pêcheurs survient après que le Parlement européen a pris position le 16 janvier contre la pêche électrique dans l’UE.
Ce vote n’est qu’une étape du long parcours législatif du texte au sein de l’UE, le Parlement devant entrer en négociation avec le Conseil (les Etats membres) et la Commission européenne pour trouver un compromis final. La France a immédiatement apporté son soutien à une interdiction totale.
Au total, au sud de la Mer du nord, 84 navires néerlandais pratiquent aujourd’hui la pêche électrique. La Belgique a demandé une dérogation pour trois navires, ce qui représente moins de 0,1% de la flotte européenne.