La ville de Hodeida (600.000 habitants), située sur la côte occidentale du Yémen, sur la mer Rouge, est contrôlée par des rebelles Houthis soutenus par l’Iran.
Son port est le point d’entrée d’une bonne partie des importations du pays et de l’aide humanitaire internationale destinée à une population exsangue.
« Une bataille pour Hodeida sera certainement longue et laissera des millions de Yéménites sans nourriture, sans carburant et d’autres fournitures vitales », a écrit dans un nouveau rapport l’ICG, un groupe international d’analyse et de réflexion sur les conflits.
« Le Yémen s’enfoncera davantage dans ce qui est déjà la pire crise humanitaire du monde » et « plutôt que de permettre un retour à la table de négociations », les combats auront un effet contraire, a prédit le rapport.
Les forces yéménites qui tentent d’encercler Hodeida sont appuyées au sol principalement par les Emirats arabes unis, alliés de l’Arabie saoudite dans la coalition qui combat les rebelles depuis 2015 au Yémen où le gouvernement a été chassé de la capitale Sanaa et de vastes territoires du nord et de l’ouest.
Les Etats-Unis, proches alliés d’Abou Dhabi et de Ryad, « ne devraient pas donner leur feu vert à une offensive sur Hodeida » et devraient plutôt « presser les Emirats arabes unis à stopper le mouvement des hommes sous leur contrôle », a souligné l’ICG.
Lundi, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a rappelé que l’aide internationale au Yémen devait continuer à passer par le port de Hodeida, mais il n’a pas mis en garde les Emiratis et les Saoudiens contre un éventuel siège de la ville, alors qu’une offensive semble imminente.
L’ICG a réaffirmé la nécessité pour Washington de convaincre la coalition et ses partenaires yéménites de participer à des négociations, sous l’égide de l’ONU, pour le contrôle du port.
Selon l’ONU, le médiateur pour le Yémen Martin Griffiths menait encore lundi d' »intenses négociations » avec les Houthis, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pour « éviter une confrontation militaire à Hodeida ».
Depuis 2015, la guerre a fait près de 10.000 morts, plus de 55.000 blessés et certaines régions sont au bord de la famine.