Ces quatre îles sont les plus méridionales, donc les plus proches du Japon, de cette longue chaîne de petites îles volcaniques, les Kouriles, qui s’étendent en arc entre la presqu’île russe du Kamtchatka au nord et la grande île japonaise de Hokkaïdo au sud.
Appelées « Kouriles du Sud » par la Russie et « Territoires du Nord » par le Japon, ces îles font partie de la région russe de Sakhaline (Extrême-Orient). Elles s’appellent Itouroup (Etorofu en japonais), Kounachir (Kunashiri), Shikotan et Habomai.
Mais pour le Japon, elles dépendent toujours de la préfecture de Hokkaïdo, comme avant le conflit mondial, et sont « illégalement occupées par la Russie ».
– Un peu d’Histoire –
En 1786, l’impératrice Catherine II revendique la souveraineté sur l’ensemble des Kouriles, à la suite d’un rapport ministériel selon lequel ces îles ont été découvertes « par des navigateurs russes » et « doivent incontestablement appartenir à la Russie ».
Mais en 1855, un premier traité entre la Russie tsariste et le Japon fixe la frontière entre les deux pays juste au-delà des quatre îles les plus proches du Japon.
Vingt ans plus tard, en 1875, un nouveau traité donne à Tokyo l’ensemble des Kouriles, y compris les îles situées au nord de cette frontière.
Le 18 août 1945, les Soviétiques attaquent l’archipel des Kouriles pour l’annexer, y compris les quatre îles méridionales.
Depuis, Tokyo dénonce une injustice, invoquant le traité de 1855. De son côté, la Russie se retranche derrière la conférence de Yalta de février 1945 au cours de laquelle Staline aurait obtenu du président américain Franklin D. Roosevelt la promesse de récupérer les Kouriles en échange de son entrée en guerre contre le Japon.
En 1956, lors du rétablissement des relations diplomatiques avec le Japon, le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev s’était engagé à restituer les deux plus petites îles, Shikotan et Habomai, en échange de la conclusion d’un traité de paix.
Freinées par la signature en 1960 d’un traité de coopération entre Tokyo et Washington, puis relancées après la chute de l’URSS en 1991, les négociations n’ont toutefois jamais abouti.
– Minerais, poisson et armée –
Même si leur population actuelle ne dépasse pas 17.000 personnes selon les statistiques officielles, ces îles sont « importantes à tous points de vue », explique à l’AFP Valéri Kistanov, responsable du Centre d’études japonaises auprès de l’Institut russe de l’Extrême-Orient.
« Elles sont très riches en eaux thermales, en minerais et en métaux rares comme le rhénium », utilisé pour la fabrication des moteurs d’avions supersoniques, explique-t-il.
« Mais la plus grande richesse » de ces îles, où des courants chauds rencontrent des courants froids, favorisant le développement du plancton, « ce sont d’immenses réserves de poissons », précise M. Kistanov.
Ces îles ont également une importance stratégique, souligne-t-il. Elles offrent aux bâtiments de guerre russes basés à Vladivostok un accès permanent à l’océan Pacifique, grâce au détroit entre Kounachir et Itouroup qui ne gèle pas en hiver.
Enfin, le contrôle intégral des îles protège la mer russe d’Okhotsk, plus au nord, d’une éventuelle incursion sous-marine étrangère.