« Au cours de la projection d’une vidéo réalisée par ses avocats sur la base de données radar, Schettino a expliqué pas à pas les ordres qu’il a donnés avant et après le choc contre le rocher et pourquoi », a déclaré à l’AFP sous couvert de l’anonymat un expert qui était présent à la déposition.
Le commandant a obtenu exceptionnellement l’autorisation du tribunal de s’exprimer sur les aspects techniques de l’analyse des données des boîtes noires. Normalement dans cette phase de la procédure judiciaire, à savoir pendant l’incident probatoire et les audiences préliminaires à un procès, seuls les avocats, les experts et le parquet sont autorisés à intervenir.
Francesco Schettino est mis en cause pour naufrage, homicides par imprudence et abandon de navire. Dix personnes au total, -Schettino, six membres d’équipage et trois dirigeants de la compagnie Costa Crociere, propriétaire du Concordia (groupe Carnival)- font l’objet d’une enquête pour le naufrage le 13 janvier dernier du paquebot de croisière Concordia.
Mais l’actuelle procédure judiciaire technique est en train de se transformer en lutte à couteaux tirés entre le commandant et son ancien employeur.
« Désormais c’est une bataille ouverte entre le commandant et la compagnie » Costa Crociere, écrit sur son site le quotidien La Repubblica, rappelant que Francesco Schettino a été licencié en juillet par son ex-employeur.
La défense de Schettino « cherche à mettre en évidence toutes les erreurs » de Costa Crociere et a présenté « une sorte de dossier composé de 200 questions et observations », ajoute le quotidien.
La compagnie en revanche insiste sur la culpabilité du capitaine, estimant qu’elle sort blanchie de cette série d’audiences techniques.
Face aux accusations de la capitainerie de port de Livourne affirmant que Costa Crociere n’a pas informé en temps utile les autorités de l’accident, l’avocat du groupe, Marco De Luca, affirme qu' »il revient au capitaine du navire » de le faire « et non pas à la compagnie ou à son unité de crise ».
Costa Crociere sort de ces audiences préliminaire « exactement comme elle y est entrée » c’est-à-dire avec la réputation « d’une société qui a des procédures complètes aussi bien dans les situations normales que dans les situations d’urgence », a estimé Me De Luca.
L’avocat a en outre réitéré que la compagnie disposait de « navires modernes et bénéficiant de toutes les mises à jour, en particulier dans le domaine de la sécurité ».
Dans un communiqué distinct, la compagnie a affirmé que l’audience technique a « clairement confirmé que les procédures de sécurité de Costa Crociere sont en conformité avec les exigences de la loi ».
« En 2011, les navires de la flotte ont été soumis à 107 inspections pour vérifier leur conformité avec les réglementations nationales et internationales et avec les normes de sécurité les plus élevées », précise la compagnie, assurant avoir tous les documents en règle pour pouvoir naviguer.
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