Ces arrestations ont eu lieu lors d’opérations de l’Agence américaine antidrogue (DEA) les 2 et 4 avril en Afrique de l’Ouest, et le 5 avril sur mandat d’arrêts internationaux en Colombie, selon un communiqué du parquet de New York et les actes d’accusation contre les sept hommes.
La première opération menée le 2 avril a permis d’arrêter « dans les eaux internationales au large de l’Afrique de l’Ouest » le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto dit « Bubo », ex-chef de la Marine bissau-guinéenne classé depuis 2010 par les Etats-Unis comme « baron de la drogue », ainsi que Papis Djeme et Tchamy Yala, dont les nationalités n’ont pas été précisées.
Deux autres Bissau-Guinéens, Manuel Mamadi Mane et Saliu Sisse, ont été « appréhendés le 4 avril dans un pays ouest-africain » non précisé lors d’une autre opération de la DEA et ensuite transférés à New York pour y être présentés à la justice, selon ces documents.
« Lors d’une action connexe, Rafael Antonio Garavito-Garcia et Gustavo Perez-Garcia, tous deux des ressortissants colombiens, ont été arrêtés » le 5 avril en Colombie en attendant leur extradition vers les Etats-Unis. Ils sont suspectés de liens avec les trafiquants bissau-guinéens pour trafic de cocaïne.
Ces arrestations et transfèrements ont pu être effectués grâce à la collaboration de différents services anti-drogue, judiciaires et diplomatiques américains avec des bureaux de la DEA à Lisbonne (Portugal) et à Bogota (Colombie).
Le 4 avril, le Cap-Vert avait révélé avoir collaboré avec les Etats-Unis pour l’opération de la DEA ayant permis de faire transiter Bubo Na Tchuto par l’archipel ouest-africain sur sa route pour New York.
Selon leur acte d’accusation, Na Tchuto, Djeme et Yala sont suspectés d’avoir travaillé ensemble pour réceptionner plusieurs tonnes de cocaïne transportée par bateau d’Amérique du Sud en Guinée-Bissau, de les y entreposer avant de les envoyer vers d’autres destinations « y compris les Etats-Unis ».
Ils ont été confondus par des agents de la DEA travaillant sous couverture, qui les ont rencontrés plusieurs fois pour des transactions en Guinée-Bissau et au Sénégal.
Lors d’une de ces rencontres, en octobre 2012 en Guinée-Bissau, Bubo Na Tchuto avait fixé le montant de ses « frais » à un million de dollars (plus de 764.000 euros) pour une tonne de cocaïne reçue en Guinée-Bissau.
D’après l’acte d’accusation des deux Colombiens, Rafael Antonio Garavito-Garcia dit « El Viejo » est suspecté d’être un trafiquant basé en Colombie qui approvisionne des « clients » en Guinée-Bissau parmi d’autres destinations et Gustavo Perez-Garcia dit « Gato », d’être son associé.
Les deux hommes sont accusés d’avoir collaboré pour convoyer en Guinée-Bissau de la drogue appartenant aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). De la, la drogue devait être introduite aux Etats-Unis.
Ils entendaient aussi s’arranger de la même manière pour procurer des armes aux Farc et corrompre des responsables militaires bissau-guinéens.
La Guinée-Bissau, pays pauvre et politiquement instable, est confrontée aux activités de narcotrafiquants qui en ont fait une zone de transit de la drogue, notamment la cocaïne, entre l’Amérique latine et l’Europe.