« On pourrait imaginer pour ces voiliers des mesures océanographiques, de la surveillance de ports et de pollution, des relevés météorologiques, des opérations de secours, des alertes aux tsunamis, ainsi qu’une utilisation auprès des personnes à mobilité réduite », énumère Fabrice Le Bars, enseignant-chercheur à l’ENSTA Bretagne, école d’ingénieurs et centre de recherche à Brest chargé cette année de l’organisation de cette compétition insolite.
Un Mini JI, réplique en miniature des voiliers de la Coupe América, spécialement adapté aux personnes handicapées, vogue tranquillement dans la rade de Brest. Le petit quillard de sport est doté de deux systèmes électroniques et d’une batterie qui lui permettent, une fois programmé, de naviguer seul, sans assistance et en toute autonomie.
« L’idée est de pouvoir manipuler le bateau comme on manipule un fauteuil roulant », explique à l’AFP Weber Bernt de l’association Handivoile de Brest.
Encore au stade de prototype, le bateau pourrait ainsi être doté d’un levier depuis lequel on actionnerait la barre et déciderait de l’angle de la voile.
« J’ai l’impression qu’on ne va pas assez vite par rapport à la demande de ce type de bateaux », assure Bernard Prouveur, lui aussi de l’association brestoise, qui a collaboré avec l’ENSTA Bretagne à la mise au point du navire.
Un peu plus loin, le drone à voile de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et de l’ENSTA tire lui aussi des bords (louvoie), sans aucune intervention humaine, et en toute autonomie.
Vaimos (voilier autonome instrumenté de mesures océanographiques de surface), 4 m de long, a déjà été utilisé pour des prélèvements océanographiques. Il est notamment précieux lors de relevés à faible profondeur. « Nos gros bateaux de recherche perturbent la surface de l’eau et faussent les mesures », explique Patrick Rousseau, ingénieur à l’Ifremer et concepteur du voilier.
Prochaine mission probable pour le petit voilier à la coque blanche: surveiller la naissance d’algues toxiques au large des côtes bretonnes afin de prévenir les ostréiculteurs de leur arrivée imminente, mais aussi les pouvoirs publics pour qu’ils puissent interdire la pêche à pied avant leur arrivée.
Le Minty 2 est un bateau à moteur –depuis cette année la compétition est également ouverte à ce type de navires– de 2m50 doté d’un puissant sonar et dont la coque a été renforcée. Il est destiné à s’approcher au plus près des glaciers afin d’en mesurer la fonte. « C’est dangereux de s’approcher des glaciers, il vaux mieux envoyer un robot », assure Colin Sauze de l’Université britannique Aberystwyth, qui a envoyé deux équipes à Brest.
« Le technologie de ces bateaux doit encore être développée et faire ses preuves », estime cependant Jorge Cabrera Gamez de l’Université espagnole Las Palmas de Grand Canarias, dont le petit voilier d’un mètre se fait dangereusement secouer par les vaguelettes.
La compétition a réuni pendant quatre jours universitaires, scientifiques et industriels du monde entier. Sept équipes, venant de France, mais aussi du Portugal, d’Espagne, de Grande-Bretagne et d’Allemagne y ont participé.
Chaque bateau a dû effectuer de manière autonome une douzaine d’épreuves, allant de l’évitement d’obstacles, à la tenue de route, en passant par le remorquage ou l’épreuve de vitesse.
Ainsi, les robots ont dû parcourir le plus vite possible une distance de 400 m ou encore faire un quadrillage d’une zone de 500 m de côté, tout en effectuant des mesures océanographiques.
Les vainqueurs de la compétition, qui s’est ouverte mardi avec une conférence internationale sur la robotique marine, ont été les équipes de Vaimos, de l’Université espagnole des Canaries et de l’Université portugaise INESC.