Les proches des victimes pensent que le 15 janvier 2004, le chalutier qui pêchait au large des Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre) a été envoyé par le fond par un sous-marin qui se serait pris dans ses filets.
Des exercices de la Marine britannique étaient prévus le jour du drame dans la zone, et des manoeuvres de l’Otan, impliquant les marines de plusieurs pays, le lendemain.
Interrogé devant la Haute Cour de Londres, le commandant Daniel Simmonds, de la Royal Navy, a assuré que seuls trois sous-marins opéraient dans la zone au moment du naufrage: le néerlandais Dolfijn, l’allemand U22 et le britannique Torbay.
Chargé des opérations sous-marines, il a « catégoriquement » exclu la présence d’autres submersibles, britanniques ou de l’Otan, écartant ainsi l’implication du sous-marin nucléaire d’attaque Turbulent, mis en cause par les familles des pêcheurs.
Il a affirmé que ce bâtiment se trouvait alors à quai à Devonport (sud-ouest de l’Angleterre), une position déjà défendue par la Royal Navy, qui a démenti toute implication d’un submersible britannique dans l’accident. Le Turbulent n’est sorti que le 16 janvier et a subi ce jour-là une avarie, a-t-il assuré, documents officiels à l’appui.
En 2016, les États-Unis avaient de leur côté réfuté l’éventuelle implication d’un sous-marin américain.
La justice britannique tente depuis plus d’une semaine de faire la lumière sur les circonstances de l’accident, inexpliquées à ce jour, après la fin en 2016 d’une procédure judiciaire en France, non concluante.
– Dolfijn en surface –
Prenant la parole pour la Marine néerlandaise, le capitaine Jeroen van Zanten, a assuré que le sous-marin Dolfijn, aperçu dans la zone du naufrage, naviguait en surface quand l’accident est survenu.
Le Dolfijn a-t-il commis une faute ou agi de manière incorrecte ce jour-là? « Non », a assuré l’officier des forces sous-marines néerlandaises, interrogé par visioconférence.
Tout en reconnaissant que les sous-marins pouvaient poser un danger pour les bateaux de pêche, le capitaine van Zanten a souligné que des procédures existaient pour prévenir les accidents ou, en cas de collision, « réduire les dommages et sauver des vies ».
Selon une déclaration écrite du commandant du Dolfijn de l’époque, Frederik van Driel, le submersible a tout le temps navigué en surface entre le moment où il a quitté le port de Den Helder (nord des Pays-Bas) le 13 janvier et celui où il a plongé, le soir du 15 janvier, plusieurs heures après le naufrage du Bugaled Breizh.
Au moment du naufrage, vers 12H25, le Dolfijn se trouvait à environ 12 milles nautiques et il est arrivé sur place aux environs de 14H00 pour prendre part, plusieurs heures durant, aux opérations de recherche avant de poursuivre sa route.
Le capitaine van Zanten, qui n’était pas à bord, a souligné que ces déclarations concordaient avec le journal de bord du Dolfijn et qu’il n’y avait aucune raison de les mettre en doute.
Interrogé par un représentant des familles, il a toutefois admis que le Dolfijn n’avait pas communiqué sa position durant plusieurs heures après le naufrage et qu’il n’avait pas conservé trace de ses communications avec d’autres bateaux.
Doit-on dès lors uniquement se fier à ce qu’affirme le Dolfijn sur ses positions? « C’est correct », a concédé le militaire. Falsifier un journal de bord serait « un truc énorme », passible de « la Cour martiale », a-t-il souligné.