L’armateur français NCT Necotrans réclamait 100 millions d’euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi après que sa filiale Getma avait été écartée en 2011 de la concession du port guinéen au profit de son rival.
Le gouvernement guinéen s’était justifié en affirmant que Getma avait « failli à ses obligations ».
Dans un jugement rendu public jeudi et consulté par l’AFP, le tribunal a condamné la société Bolloré à verser 2,1 millions d’euros à Necotrans au titre des « investissements effectivement réalisés par la société Getma » et qui « ont bénéficié au nouveau concessionnaire ». Necotrans dit avoir investi plus de 30 millions d’euros dans l’infrastructure.
Necotrans avait assigné devant la justice consulaire les sociétés Bolloré et Bolloré Africa Logistics (BAL) en octobre 2011, les accusant notamment de « concurrence déloyale » et de « s’être rendues complices de la violation, par l’État, de ses engagements contractuels ». L’audience s’était déroulée le 12 juin.
Le tribunal a débouté Necotrans de ces demandes estimant qu' »il n’a pas été démontré que les sociétés du groupe Bolloré sont à l’origine de la décision de résiliation consentie à Getma ».
Le président de la République de Guinée Alpha Condé, élu en novembre 2010, avait résilié le 8 mars 2011, par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry octroyée en 2008 pour une durée de 25 ans à Getma.
Le gouvernement guinéen avait confié quelques jours plus tard la gestion du port au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux.
Necotrans a par ailleurs contesté la décision guinéenne et un arbitrage international est en cours pour trancher le litige.
Mi-mars 2011, l’entreprise avait porté plainte à Paris, accusant notamment Vincent Bolloré, le PDG du groupe éponyme, d’avoir « financé la campagne électorale d’Alpha Condé » via l’agence de communication Euro RSCG.
Une enquête ouverte par le parquet a depuis été classée sans suite.
Bolloré Africa Logistics, dans un communiqué de presse, « se félicite du jugement », et souligne que le tribunal « a simplement considéré que Conakry Terminal aurait pu bénéficier d’un reliquat d’investissements réalisés par son prédécesseur, évalués par le Tribunal de Commerce à 2 millions d’euros. «
« Le Tribunal a rejeté la prétendue complicité de Bolloré Africa Logistics dans la résiliation, par l’État guinéen, de la concession du terminal à conteneurs de Conakry. Il a également catégoriquement rejeté les allégations de l’autre partie concernant de prétendus actes de dénigrement et de débauchage », ajoute Bolloré Africa Logistics.
Le port de Conakry, seul port autonome de la Guinée, est vital à l’économie du pays. Près de quatre millions de tonnes de marchandises y transitent chaque année, des hydrocarbures aux biens de première nécessité.
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