A l’issue de la rencontre organisée lundi soir avec les ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères et les plus hauts gradés de l’armée, l’opération « Mare Nostrum » a été dévoilée.
Trois niveaux d’actions ont été définis « pour affronter les flux migratoires », a précisé le ministre de l’Intérieur italien, Angelino Alfano lors d’une conférence de presse clôturant la réunion interministérielle: « renforcer la coopération internationale afin de tout faire pour que les migrants ne quittent plus leur pays, mieux contrôler les frontières qui sont européennes avant d’être italiennes, déployer le système actuel d’accueil ».
« Le dispositif actuel nous coûtait 1,5 million par mois. Avec ce nouveau plan, nous dépenserons encore plus », a affirmé pour sa part le ministre de la Défense Mario Mauro, sans donner plus de précisions.
L’Italie a d’ores et déjà déployé 12 vedettes des garde-côtes et de la police financière qui opèrent dans un rayon approximatif de 40 milles (environ 75 kilomètres) autour de l’île de Lampedusa, principale porte d’entrée en Europe des migrants arrivant d’Afrique.
Avec « Mare Nostrum », « un navire amphibie, opérationnel à partir de vendredi, sera utilisé pour la première fois », tandis que « la capacité d’hospitalisation des réfugiés, ainsi que leur accueil, seront amplifiés », a ajouté M. Mauro.
Quatre bâtiments militaires – deux patrouilleurs et deux frégates (soit une de plus qu’avant) – qui opèrent en dehors de ce rayon de 40 milles, seront également déployés en appoint du dispositif actuel.
Plusieurs hélicoptères, dotés d’instruments « optiques et à infrarouges », permettant le contrôle de la mer y compris de nuit, ainsi que « des drones, ces avions sans pilote, seront également utilisés », a ajouté le ministre Mauro.
Le lancement de l’opération « Mare Nostrum » a été décidé à la suite d’un premier naufrage, le 3 octobre, près de Lampedusa, dont le bilan provisoire actuel est de 364 victimes, suivi d’un deuxième naufrage, vendredi, près de Malte, qui a fait 36 morts.
Les funérailles nationales des victimes du 3 octobre, décidées par M. Letta, n’ont finalement pas eu lieu: 150 réfugiés ont été inhumés lundi à Agrigente (Sicile) et ses environs, « après une prière et un moment de recueillement », selon les médias italiens.
Avec sa mission « militaro-humanitaire », l’Italie veut éviter que ne se reproduisent de tels drames et lancer un signal à l’Europe.
Le chef du gouvernement maltais, Joseph Muscat, qui s’est rendu dimanche en visite éclair en Libye a estimé que l’Italie et Malte sont laissés seuls face à un « problème énorme ». De l’Europe dont les dirigeants se réuniront pour un sommet les 24 et 25 octobre, M. Muscat attend « non pas de l’argent » mais « un engagement politique » et une « stratégie claire ».
M. Letta a indiqué lundi qu’il demanderait lors du sommet le renforcement de Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes. Selon la presse, il voudrait aussi qu’un Italien soit nommé à sa tête en 2014.