L’océan couvre plus de 70 % de la surface de notre planète et reste cependant trop souvent en marge des rendez-vous internationaux, y compris ceux consacrés au climat ou à la biodiversité. Régulateur des grands équilibres environnementaux, pourvoyeur de ressources, vecteur majeur d’échanges économiques, lien essentiel entre pays et communautés humaines, l’océan est aujourd’hui gravement menacé par les effets du changement climatique, les pollutions et la surexploitation des ressources marines.
Sans plus attendre, il faut tout faire pour éviter d’atteindre le point de non-retour dans cette dégradation à l’œuvre de l’état des océans. C’est pourquoi, à l’initiative du Président de la République française, se tiendra à Brest, du 9 au 11 février 2022, un Sommet international sur l’océan. Il donnera une impulsion politique forte à l’agenda international des enjeux maritimes, en particulier pour faire aboutir les négociations multilatérales qui impactent l’océan et nourrir la conférence UN Ocean (Lisbonne, fin juin 2022). Sans s’attarder sur des discours, il s’agira de traduire en actions et engagements concrets notre responsabilité partagée sur l’océan, bien commun, pour relever le niveau d’ambition collectif de la communauté internationale.
Ce premier One Ocean Summit (OOS) est préparé en coopération avec les Nations Unies et la Banque mondiale, ainsi qu’avec de nombreux partenaires publics, privés et de la société civile. Inscrit dans le cadre de la présidence française du Conseil l’Union européenne, cet évènement sera l’occasion pour l’Union européenne de réaffirmer son rôle essentiel de puissance d’équilibre dans la gouvernance internationale de l’océan, l’amélioration de sa connaissance et le développement d’une économie bleue durable.
Un sommet pour mobiliser la communauté maritime internationale
Les 9 et 10 février, plus d’une trentaine d’évènements se tiendront en amont du segment de haut niveau. Ils constituent un symposium créatif pour amplifier les plans d’action pour l’océan et renouer avec l’espoir et l’ambition, en mobilisant tous les principaux acteurs : scientifiques, praticiens, acteurs multilatéraux, responsables gouvernementaux, gouvernements locaux, en veillant à la parité, à la diversité géographique et à l’inclusion des jeunes. Ce grand débat international sur l’océan permettra de partager les connaissances et de croiser les approches, notamment en intégrant le changement climatique, afin de mieux anticiper les crises océaniques ainsi que les transformations technologiques, scientifiques et
environnementales.
Les ateliers du One Ocean Summit proposeront des pistes pour agir concrètement face aux grands défis maritimes (gouvernance, science, conservation des ressources océaniques, économie et finance bleue, tourisme durable, mobilisation de la jeunesse). Trois d’entre eux se focalisant sur des espaces spécifiques : Europe, Méditerranée et océans polaires.
Chacun des ateliers sera organisé dans un format hybride de 2 heures. Ils feront l’objet d’un compte rendu et de recommandations auprès des leaders lors du segment politique du 11 février.
D’autres événements viendront enrichir ce programme qui rassemblera plus de sept cents intervenants et participants à l’échelle internationale : réunions des élus de grandes villes côtières, de parlements, de responsables portuaires ou de grands acteurs et musées internationaux du patrimoine maritime. Une université mondiale de l’océan sera organisée à l’initiative du Campus de la mer de Brest.
Un sommet pour agir face aux menaces sur l’océan
Le segment de haut niveau du One Ocean Summit se tiendra le 11 février. Il regroupera un nombre restreint mais déterminé de chefs d’État et de gouvernement, de responsables d’institutions multilatérales, de chefs d’entreprise, de décideurs de la société civile prenant des engagements ambitieux. Plusieurs initiatives importantes seront ainsi lancées à cette occasion.
Protéger les ressources et la biodiversité maritimes
Le One Ocean Summit sera l’occasion de contribuer à la protection et à la régénération de l’océan, dans le cadre d’une convergence des agendas climat, biodiversité et océans. Il doit notamment permettre la création ou le renforcement du réseau mondial d’aires marines protégées, reposant sur la science, par exemple dans les mers australes, tropicales ou la Méditerranée. Il lancera une initiative politique appelant à une conclusion rapide et ambitieuse de la négociation onusienne sur la biodiversité en haute mer (traité BBNJ pour « Biodiversity Beyond National Jurisdiction »). Le sommet apportera également des mesures concrètes pour la protection d’espèces marines vulnérables.
« Aujourd’hui, l’Océan est menacé. Il est à de nombreuses pressions, notamment la pollution plastique, mais aussi le changement climatique ou l’utilisation déraisonnée des ressources marines, comme la pêche illégale. Ces pressions dégradent la santé de l’Océan et de ses écosystèmes, alors qu’ils sont une richesse pour l’humanité. Nous devons tous prendre notre part pour protéger ce bien commun. » (Catherine Chabaud, navigatrice et députée au Parlement européen)
Le rendez-vous de Brest doit aussi servir l’objectif d’une pêche durable. Il souhaite contribuer à renforcer les instruments juridiques contribuant à la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée (accord du Cap sur la sécurité des navires de pêches de l’OMI et « Port State Measures Agreement » de la FAO) ou à développer les outils de surveillance et de transparence sur les activités de pêche, notamment en haute mer et dans les zones protégées.
Lutter contre les pollutions, notamment plastiques
La majeure partie de l’impact des activités humaines sur l’océan est produite à terre. Cela concerne toute la population mondiale et l’ensemble de l’hydrosphère. Protéger les écosystèmes marins implique donc d’abord de transformer nos modes de production et de consommation. Le One Ocean Summit aura pour ambition d’accélérer la lutte contre la pollution plastique notamment en valorisant l’action des gouvernements pour réduire l’usage du plastique et en assurer une gestion compatible avec les principes de l’économie circulaire, ainsi qu’en soutenant l’ouverture de négociations pour l’adoption d’un traité international sur les plastiques.
« La pollution maritime résulte de nos modes de production et de consommation. C’est un constat évident lorsque l’on observe le secteur des plastiques, puisque si rien n’est fait, d’ici 2050 il pourrait y avoir plus de déchets plastiques que de poissons dans nos océans. Les solutions existent – il nous faut repenser l’économie et sortir du modèle linéaire qui consiste à extraire, produire et jeter. » (Ellen MacArthur, Navigatrice et Présidente de la fondation Ellen MacArthur)
Un océan des solutions face au changement climatiques
Si les écosystèmes marins et les zones côtières seront très fortement affectés par le changement climatique, l’océan est également un espace de solutions pour réduire les émissions de gaz à effets de serre ou préparer la nouvelle économie de la neutralité carbone. Le sommet de Brest sera l’occasion de promouvoir la décarbonation du transport maritime : accélération de l’investissement, promotion d’un label européen d’excellence environnementale et initiatives régionales pour contribuer à l’alignement de cette activité avec l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat et le futur cadre international sur la biodiversité. De nouvelles initiatives d’acteurs publics et privés permettront d’accélérer l’investissement dans la protection et la restauration des écosystèmes de carbone bleu, contribuant à l’atténuation du changement climatique et à l’amélioration de la résilience côtière face aux effets du changement climatique.
« La conservation des océans est au cœur du travail de l’OMI. Le régime des traités de l’OMI permet de prévenir la pollution, de protéger la biodiversité, de réduire la pollution atmosphérique et de diminuer les émissions des navires, afin de soutenir la lutte contre le changement climatique. Mais il est possible d’améliorer et de faire connaître davantage les références écologiques du secteur du transport maritime. Les efforts continus de l’OMI pour décarboner le secteur du transport maritime sont fermement ancrés dans la stratégie initiale de 2018 de l’OMI en matière de GES. » (Kitack Lim, secrétaire général de l’Organisation maritime internationale)
Faire progresser la gouvernance de l’océan
Alors que nous célébrerons en 2022 le 40e anniversaire de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de Montego Bay, l’océan demeure une nouvelle frontière de l’extension de la coopération et du droit international et le théâtre de tensions de plus en plus vives.
Le sommet de Brest doit être l’occasion de relancer l’ambition d’une gouvernance partagée de la haute mer et plus largement de la coopération pour la gestion durable des espaces et des activités maritimes.