Les services de contre-espionnage norvégiens (PST) ont annoncé mardi l’arrestation d’un homme qui se présentait comme un chercheur brésilien travaillant à l’université de Tromsø, dans le Nord de la Norvège, mais qui serait selon eux un agent russe.
Dans un courriel à l’AFP, l’ambassade de Russie en Norvège a souligné mercredi ne pas savoir « de qui ni de quoi il s’agit ».
« D’une manière générale, l’espionnite a été activement promue en Norvège ces derniers temps », a-t-elle estimé.
Outre le présumé agent illégal, la Norvège a ces dernières semaines arrêté près d’une dizaine de citoyens russes accusés d’avoir fait voler des drones au-dessus de son territoire, en violation d’une interdiction décrétée à cause de la guerre en Ukraine, ou d’avoir enfreint des interdictions de photographier sur des sites sensibles.
Les déplacements de bateaux de pêche russes, toujours autorisés dans certains ports norvégiens contrairement à ce qui est le cas dans l’Union européenne, ou de navires de recherche font aussi l’objet de suspicions.
« Tout cela est politiquement télécommandé », a jugé l’ambassade.
Devenue le principal fournisseur de gaz de l’Europe après la réduction des livraisons russes en lien avec la guerre en Ukraine, la Norvège a renforcé la vigilance autour de ses sites stratégiques après l’observation de mystérieux drones près de certaines installations pétro-gazières et le sabotage présumé des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique voisine.
Selon le PST, le suspect arrêté lundi est un « agent illégal », c’est-à-dire un espion qui tente de se fondre durablement dans un pays étranger pour y tisser un réseau de contacts, mettre en place des canaux d’information et s’introduire dans des milieux disposant d’informations sensibles.
Les services norvégiens réclament son extradition jugeant qu' »il représente une menace contre les intérêts fondamentaux de la nation ».
Placé en détention pour quatre semaines, le suspect, officiellement âgé de 37 ans, travaillait sur la politique norvégienne dans le Grand Nord –où la Norvège partage 198 km de frontière avec la Russie– et sur les menaces hybrides.
Selon les médias locaux, il était arrivé à l’université de Tromsø au cours de l’automne 2021 et vivait seul dans cette ville située dans l’Arctique, une région hautement stratégique.
Son avocat, cité par la presse, affirme que le suspect rejette les accusations et est « sous le choc ».
Avant de venir en Norvège, il avait étudié au Centre pour les études militaires et stratégiques de l’université canadienne de Calgary.
Les arrestations d’agents illégaux sont extrêmement rares. Un cas retentissant fut celui d’Anna Chapman, une femme d’affaires russe établie à New York et arrêtée en 2010.