Admis au cours de l’automne 2021 comme conférencier à l’université norvégienne de Tromsø dans la région stratégique de l’Arctique, l’individu a été arrêté lundi et placé, dans un premier temps, en internement pour violation des lois sur l’immigration, en vue d’une expulsion.
L’enquête a depuis été élargie pour couvrir des soupçons d' »espionnage illégal dirigé contre des secrets d’Etat de nature à nuire aux intérêts fondamentaux de la nation », des faits passibles en Norvège de trois ans de prison.
Vendredi, le PST a identifié le suspect comme étant Mikhaïl Mikouchine, un Russe né en 1978, alors que l’intéressé, qui possède un passeport brésilien, se présente lui-même comme un Brésilien de 37 ans répondant au nom de José Assis Giammaria.
L’intéressé rejette les accusations portées contre lui mais a accepté vendredi d’être placé en détention provisoire pour quatre semaines.
Un « agent illégal » est un espion qu’il est extrêmement difficile et rare de débusquer car il tente de se fondre durablement dans un pays étranger pour y tisser un réseau de contacts, mettre en place des canaux d’information et s’introduire dans des milieux disposant d’informations sensibles.
Au sein de l’université de Tromsø, le chercheur travaillait sur la politique norvégienne dans le Grand Nord –où la Norvège partage 198 km de frontière avec la Russie– et sur les menaces hybrides, selon le PST.
« Le seul fait de s’introduire dans des milieux de chercheurs qui sont les fournisseurs des autorités pour la définition de leur politique est d’un véritable intérêt national », a fait valoir un responsable du PST Thomas Blom lors d’une conférence de presse vendredi.
Sur fond de tensions aiguës entre Moscou et l’Occident du fait de la guerre en Ukraine, l’ambassade de Russie en Norvège a de son côté dénoncé « l’espionnite » qui a cours selon elle dans le pays scandinave.
Devenue le premier fournisseur de gaz de l’Europe depuis la réduction des livraisons russes, la Norvège a renforcé sa vigilance et la sécurité autour des ses installations stratégiques, notamment énergétiques.
Ces dernières semaines, la police norvégienne a arrêté près d’une dizaine de citoyens russes accusés d’avoir fait voler des drones au-dessus de son territoire, en violation d’une interdiction décrétée à cause de la guerre en Ukraine, ou d’avoir enfreint des interdictions de photographier sur des sites sensibles.