Le 4 avril 2023, la Finlande devenait le 31e membre de l’OTAN. Motivée par la perception d’une menace russe jugée plus forte que jamais, l’adhésion à l’Alliance atlantique représente pour Helsinki un tournant historique. Le pays rompt ainsi avec des décennies de neutralité – qui avaient inspiré aux théoriciens des relations internationales le terme de « finlandisation ». Mais que représente au plan militaire ce nouveau membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ?
Il convient d’abord de souligner que la puissance militaire finlandaise est avant tout terrestre. Focalisée sur la sécurisation de ses 1 300 kilomètres de frontières avec la Russie, l’armée de Terre finlandaise est, malgré un format réduit, taillée pour défendre le pays dans une guerre de haute intensité.
Elle profite pour cela d’un très bon niveau d’équipement : la Finlande possède entre autres autant de chars que la France, et surtout la plus grande artillerie de l’Union européenne (et désormais des membres européens de l’OTAN), avec 700 obusiers, autant de mortiers lourds, et 100 lance-roquettes multiples qui ont montré toute leur efficacité dans la guerre d’Ukraine.
Si l’armée de métier compte moins de 30 000 personnels d’active, elle peut compter sur plusieurs centaines de milliers de réservistes bien entraînés.
Du côté des forces aériennes, Helsinki aligne déjà, entre autres, une soixantaine de F/A-18 américains, et devrait disposer d’autant de F-35 à horizon 2026. Avant même son accession à l’OTAN, la Finlande s’était rapprochée de ses voisins scandinaves avec lesquels la coopération dans les airs sera renforcée au point de bâtir une force aérienne conjointe plus nombreuse que celles de la France, du Royaume-Uni ou de l’Allemagne.
Qu’en est-il cependant des forces navales ? Le format de la Marine finlandaise, la Merivoimat, est conséquent au vu de la population finlandaise, mais n’en demeure pas moins léger. La composante navale des forces finlandaises est pour l’heure moins lourdement équipée que les composantes aérienne et terrestre,
Le cœur de la flotte de combat finlandaise est aujourd’hui composé de quatre navires lance-missiles de classe Hamina, et quatre autres de la classe précédente Rauma.
Du fait de ce que pourraient augurer des combats dans la mer baltique ou la mer de Barents, la Finlande entretient des capacités non-négligeables en matière de guerre des mines. Elle dispose ainsi de deux mouilleurs de mines de la classe Hämeenmaa et trois autres de la classe antérieure Pansio, et de plusieurs dragueurs de mines de classes Katanpää, Kuha et Kiiski.
Pour les opérations amphibies, la Marine finlandaise peut enfin compter sur près de 200 de navires de débarquement (classes Jehu, Jurmo et Uisko). S’ajoutent des navires auxiliaires (commandement, transport, entraînement, logistique…) en nombre restreint.
La Finlande est cependant engagée dans une montée en puissance significative de ses capacités de combat, à travers le programme Squadron 2020 visant à doter le pays de quatre corvettes modernes de classe Pohjanmaa d’ici 2027.
Au global, l’entrée de la Finlande constituera un apport non-négligeable à la défense du flanc Est de l’OTAN, avec des forces terrestres taillées pour un combat local de haute intensité comme en témoignent la masse de l’artillerie finlandaise ou celle de forces aériennes qui figurent parmi les mieux dotées d’Europe.
Si les forces navales finlandaises sont à la fois moins loties que les forces terrestres et aériennes, et pénalisées par un format léger, leur montée en puissance et leur modernisation à travers le programme Squadron 2020 promettent d’en faire un acteur clé de la sécurisation de la région baltique, voire du Grand Nord.
Aurélien Duchêne
Crédits image d’illustration : Joakim Honkasalo/Unsplash.