Les ministres des États méditerranéens se réuniront à Malte les 3 et 4 octobre pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Déclaration MedFish4Ever adoptée en 2017.
Cette année-là, en réponse au déclin alarmant des stocks et à la dégradation des écosystèmes marins, la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) et l’Union européenne (UE) ont réuni les ministres des pêches de la région à Malte. L’objectif était de définir un ensemble d’objectifs et d’actions spécifiques visant à améliorer la gestion et la gouvernance des pêcheries.
L’objectif ultime était d’assurer la durabilité environnementale, économique et sociale à long terme des activités de pêche. Cette initiative a abouti à la signature de la Déclaration MedFish4Ever, qui comporte cinq objectifs clés.
Bien que des progrès aient été réalisés dans plusieurs domaines, tels que la collecte de données sur la pêche, la lutte contre la pêche illégale et la mise en œuvre de plans de gestion pour diverses espèces, un retard important a été pris en matière de création de zones de pêche restreintes (Fisheries Restricted Areas, FRA).
Seule une proposition de FRA a été mise en œuvre en mer Adriatique depuis 2018, malgré plusieurs soumissions pour examen auprès de la CGPM. À l’exception de l’interdiction actuelle du chalutage de fond au-delà de 1000m les FRA protègent actuellement moins de 1% de la mer Méditerranée, bien en deçà de l’objectif de protection de 20% fixé par la Déclaration de Malte.
Une récente étude menée par l’Institut espagnol des sciences de la mer et Ecopath International sur la priorisation des FRA en Méditerranée occidentale souligne l’importance de renforcer ces zones pour en améliorer la biodiversité, la résilience et l’adaptation au changement climatique.
L’étude identifie huit zones prioritaires, dont le golfe du Lion et le delta de l’Èbre, où des propositions d’établissement et de renforcement de FRA sont en discussion depuis 2019. La mise en œuvre de ces propositions, ainsi que l’extension de l’interdiction de chalutage de fond à 800 ou 600 mètres de profondeur, pourrait protéger environ 10% de cette partie du bassin méditerranéen.
En Méditerranée occidentale, la seule FRA existante a été établie par la CGPM dans le golfe du Lion en 2009. Contrairement à l’avis de son propre Comité consultatif scientifique, le chalutage de fond a continué dans cette FRA ce qui en fait une exception sur les dix FRA existantes.
Malgré les efforts déployés, la Méditerranée reste l’une des mers les plus surexploitées au monde et ses écosystèmes sont confrontés à de graves menaces. La Conférence de haut niveau MedFish4Ever offre une opportunité cruciale de traduire les engagements en actions tangibles, en mettant l’accent sur l’expansion du réseau de FRA lors de la prochaine session annuelle de la CGPM en novembre à Split.
« Nous appelons instamment les autorités françaises à fermer définitivement la FRA du golfe du Lion à la pêche de fond. Cela améliorerait considérablement la protection des zones de ponte du merlu et des habitats sensibles en eau profonde comme les zones coralligène », a déclaré Stéphan Beaucher, délégué de MedReAct en France.
Cette mesure donnerait également un contenu à l’engagement du président Macron de protéger strictement 5% des eaux méditerranéennes françaises.
Source : MedReact.
Crédits photo : MARUM – Center for Marine Environmental Sciences, University of Bremen.