Coutumier des propos polémiques, le dirigeant souverainiste et anti-immigration de La Ligue a estimé mardi à la radio que s’il est légitime de vouloir « faire la lumière » sur la mort de l’opposant russe dans une prison de l’Arctique, « cela revient aux médecins et aux juges » russes.
Depuis sa mort, annoncée le 16 février, la mère et un avocat d’Alexeï Navalny cherchent à accéder à sa dépouille. Mais, selon l’équipe de l’opposant, les enquêteurs russes ont affirmé qu’ils ne rendraient pas son corps avant au moins 14 jours aux fins d' »expertise ».
Interrogé mardi à Bruxelles lors d’un point presse sur les propos de Salvini, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a rappelé que les Etats membres de l’Union européenne avaient adopté une déclaration commune imputant la responsabilité de la mort de Navalny « au président Poutine et aux autorités russes ».
« C’est une déclaration approuvée par l’Italie », a rappelé Peter Stano, conseillant aux « membres des gouvernements de simplement lire ce que leurs gouvernements approuvent et adoptent ».
En Italie aussi, les réactions ont été vives.
« Le jugement des magistrats d’une dictature n’a aucune valeur », a rétorqué sur X le patron du parti centriste Azione, Carlo Calenda. « Trop c’est trop », a-t-il ajouté, annonçant qu’il demanderait à ses juristes d’étudier « les liens de la Ligue avec la Russie ».
Toujours sur X, la députée du Parti démocrate (PD, gauche), Alessia Morani, a posté une publication de Matteo Salvini du 6 mars 2017 annonçant un « accord » entre son parti et la Russie unie de Vladimir Poutine, et réclamant la fin des sanctions contre Moscou après l’annexion de la Crimée en 2014.
« Voilà qui est Salvini », a-t-elle commenté.
D’autres publications ressurgissent, montrant M. Salvini devant le Kremlin ou au Parlement européen portant un T-shirt à l’effigie du président russe.
Le vice-Premier ministre de Giorgia Meloni a toujours démenti toucher de l’argent de Russie unie ou d’autres sources russes, sans toujours convaincre ses adversaires.
Si Salvini ne produit pas de document prouvant qu’il a rompu ses liens avec Russie unie, M. Calenda menace de déposer une motion de défiance contre lui.
« Un ministre de la République ne peut être un partenaire politique d’un dictateur assassin et impérialiste », a-t-il dénoncé.