L’UNESCO mobilise la communauté internationale pour une gestion durable de l’eau

Lors du 10e Forum mondial de l’eau qui se tiendra à Bali (Indonésie) du 18 au 24 mai 2024, l’UNESCO plaidera pour renforcer la coopération internationale et le développement de solutions innovantes face à l’urgence des défis liés à l’eau. La 24e édition de ce forum, placée sous le thème de « L’eau pour une prospérité partagée », réunira des décideurs politiques, des scientifiques et des parties prenantes du monde entier. Il aboutira à l’adoption d’un engagement conjoint pour un meilleur accès à l’eau et davantage de solidarité dans ce domaine.
 
Cette année, ce forum codirigé par l’UNESCO mettra l’accent sur les conséquences du dérèglement climatique dans la gestion de l’eau, et montrera comment sécurité et durabilité peuvent être améliorées grâce à une coopération renforcée et une meilleure collecte des données. L’UNESCO plaidera en faveur de trois objectifs principaux : un travail plus étroit entre les Etats, l’amélioration de l’état des connaissances et le développement de l’éducation et de la sensibilisation aux problèmes liés à l’eau. 
 
« Face à la raréfaction croissante des ressources en eau et aux variations climatiques, il est impératif de gérer ensemble de façon durable les ressources en eau, par une coopération internationale accrue et la formation d’une nouvelle génération de professionnels », explique Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
 
Accroître la coopération 
 
Des rivières aux lacs en passant par les aquifères, les États doivent urgemment collaborer pour gérer leurs ressources en eaux qui s’étendent de part et d’autre de leurs frontières. La première étape consiste souvent à identifier les sources d’eau partagées. Principale organisation chargée de surveiller les aquifères transfrontaliers, l’UNESCO a contribué à l’identification de systèmes traversant 153 pays, et comprenant 468 aquifères et 286 lacs et rivières. 
Le projet GGRETA (Governance of Groundwater Resources in Transboundary Aquifers) de l’UNESCO, qui existe depuis une décennie, a permis d’évaluer les aquifères transfrontaliers sur trois continents et d’en étudier les aspects politiques et de gouvernance, en plus d’autres programmes localisés en Afrique de l’Ouest, en Méditerranée, dans les Balkans et en Amérique du Sud.
Un cadre commun de gestion de l’eau peut être un puissant moteur de développement collectif, mais seule une minorité de pays ont pour le moment mis en place des accords transfrontaliers. Le bassin du fleuve Sénégal est un exemple de bonne pratique : le barrage de Manantali, bien que géographiquement situé au Mali, est détenu collectivement et géré par l’Autorité de développement du bassin du fleuve Sénégal, qui alimente le secteur énergétique des pays du bassin (Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal) en produisant de l’électricité à moindre coût et à partir d’une source non polluante.
 
 
Améliorer la connaissance et la collecte des données 
 
Depuis les années 80, la collecte de données sur l’eau s’est dégradée et il est urgent de l’améliorer grâce aux progrès technologiques. L’UNESCO joue un rôle essentiel dans l’harmonisation et la mise à disposition des données et des connaissances sur l’eau grâce à son Système de réseau d’information sur l’eau, une base de données mondiales et locales qui permet aux parties prenantes de prendre des décisions éclairées. En complément, une Plateforme d’apprentissage de l’UNESCO permet d’acquérir les compétences pour transformer ces données brutes en informations exploitables.
Les défis liés à l’eau et au climat étant intrinsèquement et de plus en plus étroitement liés, l’UNESCO a mis au point la méthodologie Climate Risk Informed Decision Analysis (CRIDA) pour gérer les ressources dans les zones de stress hydrique grâce à une approche participative et ascendante permettant de repérer efficacement les fragilités hydro-climatiques. Des systèmes d’alerte précoce aux inondations et à la sécheresse (Flood and Drought Early Warning Systems) ont ainsi été mis en place en Afrique.
En plus des données fournies par des technologies de pointe comme la surveillance par satellite, l’UNESCO appelle les gouvernements à investir davantage dans la formation et la participation des communautés locales afin qu’elles puissent apporter des données de terrain venant compléter, confirmer et calibrer ces mesures.
Il faut également s’attaquer aux inefficacités structurelles : on estime aujourd’hui que 5 à 50 % de l’eau n’arrive jamais à destination en raison de fuites dans les canalisations et de systèmes défectueux. Améliorer la détection et la résolution de ces fuites permettrait de réduire la pénurie d’eau dans le monde.
 
 
Accroître la sensibilisation et la compréhension des problèmes 
 
La formation d’une nouvelle génération de professionnels de l’eau – capables de conseiller les gouvernements dans la mise en œuvre de politiques prenant en compte les impacts économiques, sociaux, politiques, sanitaires et agricoles – sera essentielle pour lutter contre la pénurie d’eau à l’avenir.
Chaque année, l’UNESCO et ses partenaires forment environ 20 000 personnes à travers un réseau de 29 centres de recherche de catégorie 2, 84 chaires universitaires de l’UNESCO et de comités nationaux. Ce réseau améliore et renforce le partage de connaissances entre les pays et propose des cours, des formations et des activités liées à l’eau.
L’UNESCO travaille également à l’éducation du grand public, en particulier des jeunes et des enfants. Ses campagnes de sensibilisation, qui passent notamment par le Réseau mondial des musées de l’eau (89 institutions dans 38 pays), sensibilisent 10 millions de visiteurs par an à des sujets allant de la science de l’eau à l’utilisation de l’eau dans la vie quotidienne.
L’UNESCO appelle aussi à une approche plus inclusive dans le traitement des questions liées à l’eau. Les connaissances et les savoir-faire ancestraux recèlent de nombreuses solutions pour une gestion durable de cette ressource : dans le cadre de son programme LINKS, l’Organisation promeut les méthodes et approches des peuples autochtones en matière de gestion de l’eau, de gouvernance et de droits.
 
 
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