« Stocker ces déchets ce n’est pas pareil que les enfouir. Les enfouir dans un endroit avec une faille sismique c’est encore différent. Les enfouir dans un endroit avec une faille sismique, après un incendie, et avec le risque inéluctable de contaminer la plus grande nappe phréatique d’Europe, dont dépend l’approvisionnement en eau de 7 à 10 millions de personnes, ça devient complètement aberrant », a clamé Marine Tondelier devant les chevalements de l’ancienne mine de potasse Joseph Else.
Elle a été accueillie par plusieurs dizaines de militants et d’habitants, et par les députés alsaciens Sandra Régol (EELV), Emmanuel Fernandes (LFI) et Hubert Ott (Modem). Tous réclament, pour certains depuis plus de 20 ans, le retrait de ces 42.000 tonnes de déchets toxiques (amiante, mercure, arsenic…) réputés ininflammables, enfouis à 550 mètres de profondeur, et qui n’ont plus bougé depuis l’incendie d’une des chambres de stockage en 2002.
Fin octobre, dans le cadre du débat sur le budget 2025, ces trois députés sont parvenus à faire adopter, à la commission des Finances de l’Assemblée nationale, un amendement prévoyant de réallouer au retrait des déchets de la mine les 31 millions d’euros prévus pour faire couler une barrière de béton entre ces déchets et la nappe phréatique. Cet amendement n’entrera en vigueur que s’il est adopté en séance plénière.
« Le gouvernement doit entendre la volonté majoritaire », a déclaré Emmanuel Fernandes, « celle qui s’est exprimée lors de l’enquête publique, puisque 98% de la population est contre l’enfouissement, puis lors des législatives et enfin en commission des Finances ».
Hubert Ott a lui appelé les autres députés alsaciens à rejoindre la mobilisation en faveur du déstockage. « Tant que la problématique n’évolue pas, il faut toujours être sur la brèche », a-t-il insisté, rappelant que le ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Hetzel, s’était prononcé en faveur du déstockage avant son arrivée au gouvernement.
« On sait bien que le déstockage va coûter cher », a conclu Marine Tondelier. « Mais le coût de l’inaction est toujours beaucoup plus élevé », a-t-elle martelé, estimant que la pollution de la nappe « va nuire à l’attractivité du territoire, à l’agriculture, à l’économie, à la vie ».