L’effet Trump et la météo, le cocktail qui bouscule les cours des céréales

Paris, 27 nov 2024 (AFP) – De nouvelles annonces de Donald Trump, une météo sans surprise et la poursuite d’un trafic des grains sans encombre sur la mer Noire ont fait osciller les cours mondiaux des céréales, à nouveau orientés à la baisse mercredi.

Sur le marché européen, la tonne de blé meunier s’échangeait autour de 215 euros sur l’échéance la plus rapprochée, contre près de 220 euros sept jours auparavant. Le maïs se vendait à 206,5 euros la tonne, perdant près de 6 euros en une semaine, mercredi en fin de journée.

– « Yo-yo » des prix –

Les prix de la céréale du pain avaient connu un net rebond la semaine dernière, notamment lié au regain de tension entre l’Ukraine et la Russie, après le feu vert de l’administration Biden à Kiev pour l’utilisation de missiles à longue portée.

En dépit des promesses de rétorsion russe, les observateurs ont été rassurés de constater que l’approvisionnement des céréales en mer Noire n’était pas perturbé, a relevé Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage, en notant que la promesse d’une possible désescalade au Proche-Orient était aussi de nature à détendre les prix.

Sur Euronext, les cours ont « un peu fait du yo-yo » et, « finalement, le marché est resté assez stable », tandis que le bref rebond du blé européen mardi était « essentiellement lié au sérieux repli de l’euro par rapport au dollar », estime Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.

Mais dans « un contexte de concurrence toujours sévère avec les blés russes », le blé européen n’a pu monter trop haut, sous peine « de perdre tout avantage compétitif » alors que la demande des acheteurs revient progressivement, a-t-il indiqué.

Ces derniers jours, l’Algérie a acheté 150.000 tonnes de blé tendre pour ses ports de Tenes et Mostaganem, la Tunisie lancé un appel d’offre pour 100.000 tonnes de blé tendre et autant de blé dur, et la Jordanie 60.000 tonnes de blé.

Ces offres sont faites en « origine optionnelle », c’est-à-dire que l’origine du blé n’est déterminée qu’au moment du chargement en fonction des prix.

A la Bourse de Chicago, ce sont essentiellement les déclarations de Donald Trump qui ont animé les cours.

Le président élu s’est engagé à « imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur tous les produits entrant aux Etats-Unis ». Il a aussi annoncé une nouvelle augmentation des taxes douanières de 10% sur les produits chinois.

Ces annonces ont fait grimper les cours du blé, notamment car « la quantité de blé en provenance du Canada serait réduite » à cause de ces mesures, selon Arlan Suderman, analyste pour la plateforme de courtage StoneX.

– Chute des oléagineux –

Mais l’impact le plus fort a été ressenti sur les cours du maïs, qui ont nettement baissé, du fait du poids actuel du Mexique dans les exportations américaines. Et toute forme de représailles de Mexico aux annonces de Donald Trump pourrait ébranler la filière américaine.

« Le Mexique est notre premier client et (…) ses achats augmentent actuellement d’environ 12% par rapport à l’année dernière. Ils ont donc déjà mis en place un modèle d’achat agressif », a signalé Rich Nelson de la maison de courtage Allendale.

La prudence restait toutefois de mise, pour Dax Wedemeyer, de US Commodities, car « à 50 jours de la mise en place de la nouvelle administration », les opérateurs attendaient de voir quelles mesures seraient vraiment mises en place et quelles conséquences elles entraîneraient.

La pression sur les cours est aussi accentuée par une stabilité de la météo en Amérique latine – où la récolte brésilienne s’annonce excellente – et la disponibilité du grain jaune amplement satisfaite à l’échelle mondiale.

Moins directement affectés par les dernières déclarations de Donald Trump, les oléagineux (soja, colza, huile de palme…) accusaient un net repli. « Les prix étaient montés très forts, dans le sillage de l’huile de palme, et sont brutalement redescendus », a rapporté Gautier Le Molgat.

Le colza était monté à 550 euros la tonne sur Euronext et est redescendu mercredi sous les 500 euros la tonne. Ce mouvement de repli des huiles s’explique notamment par des bonnes perspectives de production en Malaisie et la prudence des acheteurs face à une hausse trop brutale des prix, selon l’analyste.

ni-sb/jum/er

EURONEXT

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