Une solidarité bienvenue pour les habitants de ce village où l’aide arrive encore au compte-goutte, cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Chido. Sans eau courante, sans électricité, sans réseau, la population est coupée du monde.
« C’est très utile. Comme ça, on bénéficie de la connexion wifi, on met de l’énergie dans le téléphone », sourit Rodrigue Singay, un habitant de Mtsamboro, la commune à laquelle appartient Hamjago. Devant lui, sur plusieurs longues tables rassemblées, des multiprises en pagaille sont mises à disposition des sinistrés.
Derrière, dans les cuisines, l’équipe du Coco Beach s’active en cuisine: les deux générateurs du restaurant permettent de faire tourner ses congélateurs. La nourriture est amenée par les habitants pour éviter qu’elle pourrisse.
A la manoeuvre, Renan Michaloud, le gérant du Coco Beach et professeur de sports dans un établissement voisin. Par prudence, il avait loué les générateurs juste avant le cyclone.
Coup de chance, les locaux ouverts du Coco Beach ont tenu le coup face au cyclone. L’aventure a commencé là. « Tous ceux qui n’avaient plus de maison sont venus nous voir et on a ouvert nos chambres », explique Ronan Michaloud.
– Voitures siphonnées –
Il fallait qu’ils mangent: le Coco Beach a rouvert ses cuisines. Pour la connexion internet, c’est une antenne Starlink qui permet au Coco Beach de capter. Et des copains viennent filer un coup de main. « C’est un lieu de regroupement. On cherche du réconfort, on peut boire, manger », sourit Renan Michaloud.
L’équipe du restaurant a dû s’organiser pour ne pas être débordée. Désormais, 20 personnes peuvent entrer par session de 20 minutes, uniquement pour recharger leur téléphone.
Il faut aussi s’organiser pour trouver de l’essence alors que les stations-services sont prises d’assaut: l’équipe du Coco Beach a trouvé la solution en siphonnant les voitures de leurs amis absents de Mayotte.
Seul symbole de l’Etat présent dans la région dévastée, la gendarmerie, dont le petit escadron local vient aussi profiter de la connexion du Coco Beach. « Ils travaillent comme des acharnés, ils s’épuisent mais ils sont seuls au monde dans la zone », lance Ronan Michaloud, inquiet de l’absence de réaction des autorités et en colère contre l’absence d’aide apportée par la mairie à la population.
« Ça commence à être très critique: on se demande ce qu’ils attendent pour venir ici », regrette Paul Maronnie, un enseignant au lycée polyvalent du Nord, qui fait partie de l’équipe des bénévoles du Coco Beach.