Le Premier ministre, toujours affairé à composer son gouvernement, a réuni le personnel dans la cour de Matignon pour observer la minute de silence qui s’est tenue lors de la journée de deuil national décrétée par le président Emmanuel Macron.
Cette minute de silence « a le sens d’une communion dans le deuil. Elle a le sens de la solidarité pour tous ceux qui sont dans l’épreuve. Elle a le sens d’un engagement pour que la communauté nationale soit présente, pour reconstruire Mayotte et faire que les Mahorais se sentent entourés par un pays tout entier », a dit le Premier ministre François Bayrou, à l’issue de ce moment de recueillement.
Le président Macron et son épouse Brigitte se sont tenus debout sur le perron de l’Elysée pour observer cette minute, alors que tous les drapeaux ont été mis en berne en France.
A plus de 8.000 kilomètres de l’Hexagone, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville a présidé une cérémonie d’hommage sur la place Zakia Madi, à Mamoudzou, devant des habitants mais aussi des pompiers, policiers et gendarmes de Mayotte, qui ont entonné La Marseillaise a capella à l’issue du recueillement.
Le préfet, qui a pris brièvement la parole avant la minute de silence a souligné que l’Etat avait « pris l’engagement de faire mieux pour Mayotte », avant d’aller saluer un par un les habitants de cet archipel français de l’océan Indien, en majeure partie détruit le 14 décembre par le cyclone Chido, d’une intensité exceptionnelle.
Le cyclone le plus dévastateur qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans, a détruit la totalité de l’habitat précaire et causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, où les secours sont depuis à pied d’oeuvre pour rétablir les services essentiels comme l’eau, l’électricité et les réseaux de communications.
« 90% de Mayotte est détruite, 90% des habitations n’ont plus de toit. On n’a pas d’eau, pas de nourriture, les secours ont encore du mal à arriver dans les zones », s’est alarmée lundi matin Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte, interrogée sur France Inter.
« Je suis avec notre population qui n’a pas d’eau, pas vu de secours. Je demande désespérément qu’on envoie l’armée pour essayer d’éviter qu’on bascule dans l’anarchie. On est en train de piller les quelques maisons qui n’ont simplement plus de toit. Il n’y avait pas assez d’aide, il n’y a pas assez de secours », a-t-elle poursuivi, se disant « profondément indignée » par une classe politique dont « l’obsession générale » est « le remaniement » ministériel alors que l’île « est dans une grande détresse humanitaire ».
« En fait, on s’en fout de Mayotte. Et ça, franchement, c’est grave », a lâché la députée, prise par l’émotion.
Le bilan provisoire de la catastrophe naturelle, facilitée par le réchauffement climatique, s’élève à 35 morts et environ 2.500 blessés, mais les autorités, qui craignent un nombre de victimes plus élevé, ont diligenté une mission de recherche.
Depuis la cour de Beauvau, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a rappelé « la solidarité nationale envers nos compatriotes de Mayotte, qui ont été si durement éprouvés ».
« Jamais je n’aurais pensé voir un département français dans un tel état de dévastation, de désolation. Les paysages que j’avais vus si verts lorsque je me suis rendu à Mayotte au mois de mai, il n’en restait plus rien », a glissé Bruno Retailleau, assurant que « jamais une telle logistique, aussi massive, aussi immédiate, n’a été déployée » sur un territoire.
A Mayotte, où un couvre-feu nocturne reste en vigueur, Emmanuel Macron a également promis une loi spéciale pour « rebâtir Mayotte » et « mettre fin » aux bidonvilles, ce qui pourrait prendre deux ans, selon le nouveau Premier ministre François Bayrou.
Au Mozambique, le cyclone a provoqué la mort d’au moins 94 personnes, selon les autorités locales. Au Malawi, il a tué 13 personnes.
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