« Je trouve absurde que nous ayons à payer des droits pour transiter par une zone que nous sommes tenus de protéger en cas de conflit. Telles sont nos attentes », a déclaré M. Rubio à des journalistes en République dominicaine.
Quelque 40% du trafic de conteneurs transite par cette voie maritime reliant les océans Atlantique et Pacifique.
Une polémique s’est emparée des relations entre le Panama et les Etats-Unis après une publication du département d’État mercredi soir sur les réseaux sociaux annonçant que le Panama exempterait les navires du gouvernement américain de taxes.
« L’Etat du Panama a donné son accord pour ne plus faire payer aux navires de l’Etat américain la traversée du Canal de Panama », a indiqué sur X le département d’Etat, se félicitant que cela fasse « économiser des millions de dollars à l’Etat américain ».
L’Autorité du Canal de Panama, un organisme indépendant créé par la Constitution panaméenne pour administrer le canal et qui « a le pouvoir de fixer les péages et autres droits pour le franchissement du canal » a rapidement démenti sur X, annonçant n’avoir « procédé à aucun ajustement de ces droits ».
Et jeudi, le président panaméen José Raul Mulino a qualifié les affirmations du département d’Etat de fausses et « intolérables », faisant part de son « rejet absolu » de continuer « à développer des relations bilatérales sur la base de mensonges et de faussetés ».
Il a dit avoir donné des instructions aux ambassades panaméennes pour « démentir » l’annonce du Département d’État.
– Retrait des « Routes de la soie » –
Lors de la même conférence de presse, M. Mulino a toutefois annoncé une concession faite aux Etats-Unis, qui veulent contrer l’influence chinoise grandissante en Amérique latine, en indiquant que le Panama se retirait du projet d’infrastructures chinois des « Nouvelles routes de la soie ».
Axe central de la stratégie chinoise, ce méga-projet mondial de construction d’infrastructures vise à sécuriser les approvisionnements de la Chine, tout en réalisant des investissements massifs dans des pays en développement. Plus d’une centaine de pays ont adhéré à l’accord, qui selon ses détracteurs enferme les pays hôtes dans la dette et favorise les entreprises chinoises au détriment des économies locales.
L’accord entre le Panama et la Chine se renouvelle automatiquement tous les trois ans (la prochaine fois en 2026) et stipule qu’il « peut être résilié par l’une des parties » par une notification trois mois à l’avance.
« Je ne sais pas ce qui a motivé à l’époque celui qui a signé cela avec la Chine », a ajouté M. Mulino. « Qu’est-ce que cela a apporté pour le Panama au cours de toutes ces années ? Quelles sont les grandes choses ? », s’est-il interrogé d’un ton dubitatif.
M. Mulino avait déjà indiqué qu’il ne renouvellerait pas le mémorandum d’accord avec la Chine signé par le Panama en 2017 par l’ancien président Juan Carlos Varela (2014-2019).
Deux avocats panaméens ont par ailleurs déposé lundi une plainte demandant l’annulation de la concession qui permet à une filiale du conglomérat hongkongais CK Hutchison d’opérer deux ports aux deux extrémités du canal.
Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les Etats-Unis, inauguré en 1914 et qui était resté sous souveraineté américaine jusqu’en 1999. Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d’un accord conclu en 1977 avec le président démocrate de l’époque Jimmy Carter.
« La Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l’avons pas donné à la Chine, nous l’avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre », avait-il asséné.
« Nous avons été très maltraités par ce cadeau insensé qui n’aurait jamais dû être fait. La promesse que nous avait faite le Panama n’a pas été tenue », avait déclaré M. Trump dans son discours d’investiture, affirmant que les navires américains étaient « gravement surtaxés ».
Un entretien téléphonique entre les présidents américains et panaméens doit avoir lieu vendredi.
M. Rubio clôture jeudi soir en République dominicaine son premier voyage à l’étranger qui l’a emmené au Panama, au Guatemala, au Salvador et au Costa Rica.