« Nous avons signé un projet, pas un accord définitif », a affirmé au cours d’une conférence de presse le député Emmanuel Tjibaou, le chef de la délégation du FLNKS à Bougival, évoquant « une étape dans le processus (…) qui nous amène vers la souveraineté ».
Il a ajouté, disant citer les mots du ministre des Outre-mer Manuel Valls, que le texte était encore « susceptible d’être amendé ».
Le projet d’accord sera soumis dans les jours à venir aux différents mouvements indépendantistes qui composent le FLNKS et sera présenté mardi au bureau politique du Front puis, de manière plus large, lors d’un congrès du FLNKS le 2 août.
« Tout compromis a un prix », a ajouté Emmanuel Tjibaou, estimant que le projet comporte « des éléments qui sont positifs, d’autres moins bons ».
Parmi les avancées, il a cité la création d’un État de la Nouvelle-Calédonie, le transfert immédiat d’une compétence régalienne (les relations extérieures) et la possibilité d’en transférer d’autres, la reconnaissance internationale et l’instauration d’une double nationalité française et calédonienne.
Roch Wamytan, membre de la délégation et signataire en 1998 des accords de Nouméa qui avaient instauré une autonomie progressive pour la Nouvelle-Calédonie, a évoqué un projet d’accord « pas tout à fait équilibré » et qualifié les négociations de Bougival d' »horriblement difficiles ».
Pour « vérifier la pertinence de ce qui nous est proposé » et s’assurer que le projet respecte « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », des spécialistes nationaux et internationaux, dont ceux des Nations unies et du Comité spécial de décolonisation de l’ONU, seront sollicités.
Au cours de la conférence de presse, plusieurs membres de la délégation ont souligné la nécessité de « clarifier les termes du débat » et mis en garde contre « les lectures partisanes » du texte. « Il ne faut pas qu’il y ait d’ambiguïté sur l’engagement des uns et des autres », a prévenu M. Tjibaou.
Cette prise de parole, la première depuis le retour de la délégation en Nouvelle-Calédonie, intervient dans un climat tendu et était très attendue alors que de nombreux militants indépendantistes se disent en colère. Des menaces de mort ont visé les signataires, et un dispositif de protection policière a été mis en place.