La cour d’assises du Finistère est allée au-delà des réquisitions du ministère public, qui avait demandé huit ans de prison.
Jeune homme « doué et travailleur », qui a « grandi dans une famille aimante », Meshari Al Shamrani, âgé de 24 ans à l’époque des faits, a « basculé dans l’interdit en omettant totalement de s’assurer du consentement » de sa victime, a décrit l’avocate générale Elsa Guyonvarch.
Officier de la marine saoudienne et étudiant dans une école d’ingénieurs de Brest, l’accusé vivait en France depuis 2016, dans le cadre d’un programme de coopération franco-saoudien.
Il va dans ce cadre « découvrir une liberté, une permissivité des moeurs qu’il ne connaissait pas », a noté la magistrate, évoquant « un choc des cultures, qui peut être un élément d’explication, pas de justification du passage à l’acte ».
Marié à l’été 2020 en Arabie saoudite, l’accusé avait également une compagne à Brest, où il organisait régulièrement des soirées alcoolisées dans son appartement.
C’est à l’issue d’une de ces soirées, le 21 février 2021, qu’une des convives, alors âgée de 22 ans, était restée dormir chez lui, faute de moyen de locomotion pour rentrer chez elle.
Au petit matin, elle avait été réveillée par le poids de l’accusé, allongé sur elle en train de la pénétrer. Une altercation s’ensuit, au terme de laquelle la jeune femme parvient à s’enfuir et à prévenir la police.
Les analyses ADN et gynécologiques confirmeront ses affirmations. Pendant des semaines, « j’étais effondrée, pleine d’angoisse, je pleurais tout le temps, je ne voulais pas sortir de chez moi », a raconté entre deux sanglots la jeune femme, toujours en état de choc quatre ans après les faits.
« Savoir qu’il n’est pas là, j’ai l’impression que c’est moi l’accusée, que c’est mon procès », a-t-elle ajouté.
Pendant sa garde à vue, M. Al Shamrani avait nié toute relation sexuelle, avant d’admettre avoir caressé puis pénétré la victime alors qu’elle était dans son lit. « Je me suis dit que si elle avait enlevé son pantalon, c’est qu’elle avait envie de faire l’amour », avait-il dit à la juge d’instruction.
Sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès, M. Al Shamrani devait pointer au commissariat de Bordeaux (sud-ouest), ce qu’il a arrêté de faire en janvier 2025.
Un mandat d’arrêt européen a été émis à son encontre, sans succès.