Les tensions politiques, les nouveaux droits de douane, l’évolution des schémas commerciaux et la reconfiguration des voies maritimes sont en train de redessiner la géographie du commerce maritime, selon un nouveau rapport de l’ONU Commerce et Développement (Cnuced).
Le commerce maritime devrait ainsi stagner en 2025, avec des volumes en légère hausse (+0,5%) après une « croissance soutenue » l’année dernière (2,2%). A moyen terme (2026-2030), la croissance en volume devrait augmenter à un taux annuel moyen de 2%.
« Jamais depuis la fermeture du canal de Suez en 1967, nous avons été témoins d’une perturbation aussi durable des grands axes du commerce mondial », observe la secrétaire Générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, dans le rapport.
« Les navires qui autrefois traversaient la mer Rouge en quelques jours naviguent désormais pendant des semaines pour contourner le cap de Bonne-Espérance. Les taux de fret, relativement stables depuis des années, fluctuent désormais fortement d’un mois à l’autre. Des chaînes d’approvisionnement que nous pensions résilientes se sont révélées fragiles », ajoute-t-elle.
Les mesures prises par les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires commerciaux, en matière notamment de droits de douane, de redevances portuaires et de restrictions ciblées sur les escales portuaires, rallongent les trajets et font augmenter les coûts, explique l’ONU Commerce et Développement.
La persistance de coûts de transport élevés risque de toucher plus durement les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, selon l’agence onusienne qui appelle à des mesures ciblées pour freiner l’augmentation de ces coûts, renforcer les performances portuaires, faciliter les échanges et améliorer la prévisibilité des politiques commerciales.
Le transport maritime fait face à d’autres défis, y compris celui de rendre la flotte plus écologique.
Les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime ont augmenté de 5% en 2024. Seuls 8% du tonnage de la flotte mondiale sont équipés pour utiliser des carburants alternatifs, et les taux de recyclage des navires restent faibles, indique l’ONU Commerce et Développement.
Elle avertit que la décarbonation du transport maritime entraînera des coûts importants, notamment pour le renouvellement de la flotte, l’adaptation des ports et des infrastructures nécessaires aux carburants alternatifs.