France: gardes à vue prolongées dans l’enquête sur un pétrolier de la flotte fantôme russe

Brest (France), 2 oct 2025 (AFP) – Des militaires français se trouvaient toujours à bord jeudi d’un pétrolier de la flotte fantôme russe, repéré récemment au large du Danemark quand des drones suspects ont survolé des aéroports, et visé par une enquête pour « délits maritimes », dans laquelle deux gardes à vue ont été prolongées.

Le « Boracay », battant pavillon du Bénin, a été arraisonné samedi par des commandos marine alors qu’il croisait dans l’Atlantique, au large des côtes françaises.

« Un bâtiment de la Marine qui était sur zone a été incité (par les autorités, ndlr) à poser des questions sur le pavillon de ce bateau », a expliqué à l’AFP une source militaire.

« Quand il y a des incohérences, ça intéresse rapidement le procureur, et après ça devient un sujet du judiciaire », a ajouté cette source.

Le bateau a alors été dérouté vers Saint-Nazaire (ouest), où il est désormais au mouillage. « Une équipe de visite est toujours à bord », a précisé jeudi une autre source militaire à l’AFP.

Deux personnes se présentant comme le commandant du navire et son second ont vu leurs gardes à vue prolongées mercredi, a annoncé jeudi le parquet de Brest (ouest), qui a ouvert une enquête pour « défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon » et un « refus d’obtempérer ».

Ce pétrolier de 244 mètres de long est connu sous plusieurs noms, dont celui de « Pushpa », et a été immatriculé successivement au Gabon, aux îles Marshall ou en Mongolie, selon le site www.opensanctions.org.

Il est sous sanctions européennes pour son appartenance à la flotte utilisée par Moscou pour contourner les sanctions occidentales contre ses ventes de pétrole, et fait également l’objet de de sanctions du Canada, de la Suisse, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni.

– Parti de Russie –

Le bâtiment avait été repéré la semaine dernière au large du Danemark, quand des survols de drones ont perturbé le trafic aérien danois. Selon le site spécialisé The Maritime Executive, il a pu servir de « plateforme de lancement » ou comme « leurre ».

L’origine de ces drones reste jusqu’à présent inconnue mais les autorités danoises ont pointé du doigt la Russie, déjà accusée d’être derrière l’incursion d’une vingtaine de drones dans le ciel polonais début septembre et de trois avions de combat dans l’espace aérien estonien quelques jours plus tard.

Le 22 septembre, un premier survol de « grand drones » avait entraîné la fermeture de l’aéroport de Copenhague. Un responsable de la police danoise avait évoqué l’hypothèse qu’ils puissent avoir décollé d’un bateau.

De nouveaux survols de plusieurs aéroports et d’une base militaire ont eu lieu le 25 septembre.

Selon une analyse AFP des données du site maritime spécialisé VesselFinder, le pétrolier a quitté le port russe de Primorsk, près de Saint-Petersbourg, le 20 septembre, avec pour destination Vadinar, dans le nord-ouest de l’Inde.

Il était présent au large des côtes danoises entre le 22 et le 25 septembre.

En visite à Copenhague pour un sommet de l’Union européenne mercredi suivi d’un sommet européen élargi jeudi, le président français Emmanuel Macron a toutefois appelé mercredi à rester « très prudent » concernant une éventuelle implication du bateau dans ces survols.

Selon le chef de l’État, le commerce pétrolier imputé à la flotte fantôme russe, forte d’entre « 600 et 1.000 bateaux », représente des « dizaines de milliards d’euros pour le budget de la Russie et finance selon nos évaluations collectives 40% de l’effort de guerre russe » en Ukraine.

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a quant à elle plaidé pour une « réponse très forte » face à la « guerre hybride » menée par la Russie, au coup d’envoi du sommet de l’UE.

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