Dans son arrêt dont l’AFP a eu connaissance, la cour d’appel de Paris valide la procédure, refusant d’annuler le réquisitoire définitif du Parquet national financier (PNF) et se bornant à supprimer de certaines pièces du dossier la référence à un épisode houleux du dossier.
Saisis depuis 2013, des juges financiers parisiens soupçonnent le groupe Bolloré d’avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour décrocher frauduleusement la gestion des ports de Lomé et Conakry au bénéfice d’une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV, au moment d’élections présidentielles en 2010 dans ces pays.
Pour éviter un long procès pénal, Vincent Bolloré, l’une des principales fortunes de France ainsi que Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré à l’époque, et Jean-Philippe Dorent, directeur international chez Havas, avaient reconnu les faits en 2021 lors d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), et accepté une peine de 375.000 euros d’amende.
Le tribunal avait refusé de l’homologuer, renvoyant le dossier à l’instruction.
L’industriel breton, 73 ans, conteste depuis ardemment ce revers procédural.
Le groupe Bolloré avait lui bénéficié d’une convention judiciaire d’intérêt public (Cjip), payant 12 millions d’euros d’amende contre l’abandon des poursuites.
Pour Me Olivier Baratelli, avocat du groupe Bolloré, cet arrêt montre que la procédure « constitue une indélébile atteinte à la présomption d’innocence », et annonce un pourvoi en cassation, « car là c’est toute la procédure qui doit annulée ».
« Vincent Bolloré devra comparaître devant un tribunal pour qu’il soit jugé. Sherpa et Anticor se félicitent de cette nouvelle victoire », a indiqué leur avocat, Me Jérôme Karsenti.
« La procédure est maintenue en grande partie (…). M. Bolloré ne cesse de gagner du temps (…). Le procès aura lieu. N’en déplaise à M. Bolloré », a réagi de son côté Me Alexis Ihou, avocat du défunt Agbéyomé Kodjo et de Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, candidats malheureux à la présidentielle de 2010 au Togo.
En juin 2024, le PNF a requis un procès pour corruption active d’agent public étranger contre MM. Bolloré et Alix, pour abus de confiance pour ce dernier et pour complicité de celle-ci pour MM. Bolloré et Dorent.
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