Dans ce rapport intitulé « Europe: les naufrages de la honte », publié à la veille d’un sommet européen extraordinaire, l’ONG dénonce en particulier les conséquences dramatiques de la fin de Mare Nostrum. L’opération italienne de sauvetage des migrants lancée en 2013 à la suite des tragédies autour de l’île de Lampedusa a été abandonnée en octobre 2014 car des membres de l’UE ont refusé de participer à son coût opérationnel.
Elle avait permis de secourir 150.000 personnes en un an.
« La fin de Mare Nostrum n’a pas permis de réduire le nombre des départs, on peut même considérer que cet arrêt est à l’origine de l’augmentation du nombre des noyades », écrit Amnesty.
Avant les récents naufrages dont celui d’un chalutier au large de la Libye le week-end dernier qui pourrait avoir fait 800 morts, l’ONG estimait que 900 personnes avaient trouvé la mort en traversant la Méditerranée entre le 1er janvier et le 15 avril, soit 53 fois plus qu’au cours de la même période de 2014.
De son côté, l’Organisation internationale des Migrations (OIM) a jugé mardi que 1.750 migrants ont péri en Méditerranée depuis le début de l’année, soit plus de 30 fois plus que durant la même période de l’an dernier.
« Les dirigeants européens rassemblés à Bruxelles ont l’occasion historique de mettre fin à une spirale humanitaire tragique digne du Titanic », déclare dans un communiqué John Dalhuisen, le responsable d’Amnesty pour l’Europe et l’Asie centrale.
« L’incapacité de l’Europe à sauver ces milliers d’immigrés et réfugiés qui risquent leur vie en Méditerranée fait penser à des pompiers qui refusent d’aider des gens qui sautent d’une tour en feu. La tâche des gouvernements n’est pas seulement d’éteindre le feu mais aussi de prendre en charge ceux qui sont bloqués sur le rebord de la fenêtre. »
Amnesty demande le lancement « en urgence d’une opération humanitaire internationale dont le mandat serait de sauver des vies en mer ».
L’Union européenne a déjà adopté lundi un plan d’action qui prévoit notamment le doublement des moyens pour la mission de surveillance maritime Triton, qui a remplacé Mare Nostrum. Cette opération, à laquelle participent une vingtaine de pays européens, pourra patrouiller dans une zone plus large et devra participer aux secours.