« L’opération n’aura d’effet final que lorsque nous pourrons travailler au plus près des réseaux eux-mêmes, aller appréhender les gros poissons, et pas les petits qui vont en mer. Donc à un moment, il va falloir travailler dans l’espace de souveraineté libyen », a déclaré l’amiral à la presse en marge d’un colloque à Rome.
Depuis trois semaines, l’opération Sophia, limitée aux eaux internationales, peut arrêter les passeurs et saisir leurs bateaux au large de la Libye, mais aucune intervention n’a encore eu lieu, a reconnu l’amiral.
Ancien commandant de la force européenne Atalante contre les pirates au large de la Somalie, il a prévenu que si cette opération-là avait réussi sans que la situation somalienne n’évolue, il n’était « pas possible de faire la même chose maintenant ».
L’objectif premier de l’opération Sophia est d’empêcher les morts en mer, mais si cela revient à bloquer en Libye des migrants vulnérables et maltraités, dont le nombre est actuellement estimé entre 500.000 et un million, « le résultat sera de créer une situation encore pire », a-t-il insisté.
De plus, en raison des profits importants réalisés par les passeurs — estimés à 67.000 euros pour un canot pneumatique avec 100 personnes et à 380.000 euros pour une embarcation en bois avec 400 passagers entassés –, un pan entier de l’économie libyenne s’est tournée vers ce trafic.
« Dans certaines zones côtières, on estime que 50% des revenus proviennent des migrations clandestines », a expliqué l’amiral, relevant qu’il faudrait aussi prévoir une reconversion économique de ces zones.
Mais une intervention en Libye nécessite l’accord d’autorités nationales reconnues et une résolution du conseil de sécurité de l’ONU, deux conditions qui ne semblent pas près d’être réunies.