Jeudi et vendredi, les agents de la Commission électorale se sont notamment rendu par avion dans une dizaine d’îles, la plus éloignée distante de plus 1.100 km de la principale Mahé, où se trouve la capitale Victoria.
Dans des bureaux de vote installés parfois 30 mn à peine, ils ont recueilli les suffrages de quelques centaines de personnes – essentiellement employés d’hôtel ou de la société parapublique chargée de l’exploitation des îles, acheminés par bateaux des îlots environnants.
Samedi, les Seychellois des îles de Mahé, Praslin et La Digue, où vivent près de 98% des 90.000 habitants, ont commencé à se rendre aux urnes dès l’ouverture à 07H00 (03H00 GMT, bien 03H00 GMT) des bureaux, qui fermeront à 19H00.
A part un démarrage en retard dans certains bureaux, les opérations de vote se déroulaient normalement à Mahé et les files d’électeurs s’étiraient parfois dès l’ouverture, a constaté un correspondant l’AFP.
« J’ai fait la queue pendant près d’une heure avant de voter, mais une fois dans le bureau cela a été vite », a expliqué Jacqueline Hoarau après avoir déposé son bulletin à Port-Glaud, circonscription du nord-est de Mahé.
Cette présidentielle anticipée, convoquée par le président James Michel qui brigue un troisième mandat de cinq ans, le dernier que lui autorise la Constitution, voit s’affronter un nombre record de candidats – six – et pourrait donner lieu à un second tour, inédit depuis le retour du multipartisme en 1993.
Le scrutin était initialement prévu au premier semestre 2016 mais James Michel, confronté à une fronde au sein de son parti « Lepep » (« Le peuple » en créole), a convoqué un scrutin anticipé dans le but de relégitimiter son pouvoir.
De nombreux hauts cadres de Lepep – issu de l’ancien parti unique et au pouvoir depuis le retour du multipartisme – ont récemment claqué la porte et fondé leur propre formation « Lalyans Seselwa » (« L’Alliance seychelloise », en créole), dont Patrick Pillay, ancien ministre des Affaires étrangères et de la Santé du président Michel, défend les couleurs.
M. Pillay et le pasteur anglican Wavel Ramkalawan, candidat pour la 5e fois du Parti national des Seychelles (SNP) – jusqu’ici principal parti d’opposition -, sont les deux seuls à espérer pouvoir disputer la victoire au sortant.
– Sable fin et eaux cristallines –
M. Michel est chef de l’Etat depuis 2004, lorsqu’il a succédé constitutionnellement, en tant que vice-président, à France Albert René, démissionnaire avant l’expiration de son mandat. Il a ensuite été élu en 2006 et réélu en 2011, au premier tour à chaque fois.
Bien que ses adversaires se présentent en ordre dispersé, la perspective d’un second tour n’est cette fois pas exclue par certains observateurs, qui pensent que M. Pillay pourrait ravir à James Michel une partie des voix de ses électeurs traditionnels, même si la popularité de cette toute nouvelle formation reste difficile à apprécier.
Incapable de s’entendre sur une candidature unique au premier tour, l’opposition a promis de s’unir derrière le candidat présent à l’éventuel second tour. Mais les analystes restaient partagés sur une possibilité que M. Michel puisse y être battu.
Durant sa campagne, M. Michel a appelé les Seychellois à lui permettre de terminer le travail entrepris au cours de ses deux premiers mandats, notamment les réformes économiques lancées depuis 2008 et ayant permis de sauver les Seychelles d’une quasi-faillite. De son côté, l’opposition a appelé au changement, dénonçant notamment la corruption du gouvernement, des accusations balayées par le chef de l’Etat.
L’économie de l’archipel aux plages de sable fin et aux eaux cristallines, paradis touristique mais aussi fiscal, repose essentiellement sur le tourisme et la pêche, notamment du thon exporté vers l’UE.
Fin 2008, les Seychelles ont fait face à une grave crise de balance des paiements et de liquidités. Sa dette publique a atteint 130% du PIB, l’inflation 37% sur l’année, avec une croissance du PIB bloquée à 0,1%. L’année suivante, la hausse des prix s’aggravait (39%) et le PIB reculait de 9,6%.
Le FMI table pour 2015 sur une croissance de 4,3% en 2015 et une inflation ramenée à 4,4%.