Après une première campagne de mesures en septembre 2019, une seconde a été lancée du 5 au 23 juillet, afin de contrôler les « panaches » des navires entrant ou sortant du port de Marseille-Fos, que ce soit des ferries, des bateaux de croisière, des tankers, des minéraliers, des porte-conteneurs ou encore de simples yachts, a expliqué lundi Dominique Robin, directeur d’AtmoSud, seul partenaire français avec l’université Aix-Marseille du projet baptisé SCIPPER.
Les résultats, qui devraient être connus fin 2021 ou début 2022, permettront notamment de mesurer l’impact de la nouvelle réglementation mondiale en place depuis le 1er janvier 2020, qui impose désormais aux navires un fioul avec une teneur en oxyde de souffre inférieure à 0,5%, contre 3,5% auparavant.
« Mais ces mesures devraient permettre d’avoir un aperçu complet des polluants émis par les navires, bien au-delà du souffre », a dit Barbara D’Anna, responsable de la campagne de contrôle, lors de la conférence de presse organisée lundi au siège de l’université Aix-Marseille, au Vieux Port.
Seuls 10% des particules émises par les navires sont en effet à l’état solide dans les fumées et sont donc captées par les filtres mis en place par les armateurs, a insisté la directrice de recherche au CNRS. « Cette étude devrait nous permettre de détecter ces composés organiques volatils qui s’échappent sous forme de gaz mais retombent ensuite, sous l’effet de la condensation ».
Si le transport maritime n’est responsable que de 2 à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, son impact n’est pas négligeable sur la qualité de l’air dans et autour des ports d’accueil des navires, comme Marseille-Fos, avec ses 7.500 escales par an, dont 3.200 à Marseille même.
D’où l’intérêt de SCIPPER, a dit son coordinateur, le Grec Leonidas Ntziachristos, professeur à l’université Aristote de Thessalonique. Des campagnes de mesures ont également été menées à Goeteborg (Suède), Kiel, Hambourg (Allemagne) et vont l’être bientôt dans la Manche.
Globalement la pollution atmosphérique provoque 9 millions de décès chaque année à l’échelle mondiale et son impact économique annuel pour la France est de l’ordre de 100 milliards d’euros principalement en dépenses de santé, selon M. Robin.