D’après ces éléments, les magistrats instructeurs lui reprochent d’avoir « participé » entre 2009 et 2012 comme administrateur à huit délibérations des instances dirigeantes de STX France (aujourd’hui Chantiers de l’Atlantique) et du Grand Port Maritime du Havre (GPMH), tous deux liés à MSC.
Ils soulignent ensuite qu’entre 2012 et 2016 à Bercy aux cabinets de Pierre Moscovici puis d’Emmanuel Macron, il a notamment « persisté (…) à émettre des avis ou donner des orientations stratégiques ayant trait » avec des dossiers impliquant MSC.
Or la mère d’Alexis Kohler est cousine de Rafaëla Aponte, épouse du fondateur du groupe Gianluigi Aponte, un lien familial « simple » mais au « 5e degré », « éloigné », s’est défendu l’intéressé devant les juges.
L’affaire est née après des articles de Mediapart en mai 2018. Une information judiciaire a été ouverte en juin 2020. A ce jour, il y a eu au moins cinquante auditions et dix perquisitions.
Devant les magistrats, le secrétaire général de l’Elysée a indiqué d’emblée n’avoir « jamais considéré être en situation de conflit d’intérêts ». Mais de manière paradoxale, il va marteler avoir tout fait, « dès novembre 2008 », pour se trouver loin du dossier MSC.
Il explique n’avoir participé à aucune décision concernant le groupe, à l’époque STX-GPMH; avoir averti sa hiérarchie de ses liens familiaux; avoir demandé à quitter son mandat d’administrateur de STX ; et avoir exprimé dans ses votes en conseil d’administration la position de l’Etat plutôt que la sienne.
Lorsqu’il était à Bercy, il dit avoir organisé un déport du dossier MSC « informel », avec Pierre Moscovici (2012-2014) puis via « une lettre » avec Emmanuel Macron (2014-2016).
Les magistrats indiquent n’avoir retrouvé « aucun écrit ou note de l’Agence des participations de l’Etat, du Trésor ou du ministère faisant état du lien familial avec la famille Aponte » ou organisant cette mise à l’écart du dossier MSC entre 2010 et 2016.
A l’issue des quinze heures d’interrogatoire, Alexis Kohler concède un « débat sur (son) degré de formalisme » pour avertir de son déport des dossiers MSC, mais se dit cependant « choqué et indigné » de la « mise en cause » de son « intégrité ».
Il est mis en examen pour « prise illégale d’intérêt », et témoin assisté pour « trafic d’influence passif ».
Sollicités mardi par l’AFP, son avocat n’a pas souhaité réagir et l’Elysée a affirmé « ne pas pouvoir commenter une enquête en cours ».
« On peut se féliciter que la justice avance et fasse son travail, même s’il est dommage que cela prenne autant de temps », a répondu de son côté l’avocat d’Anticor, Me Jean-Baptiste Soufron.
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