« Nous comptons sur votre sens de l’État pour revenir sur votre décision d’acheter un fusil d’assaut étranger afin de consolider notre filière nationale de l’armement terrestre du +petit ou gros calibre+ », écrivent Philippe Meunier (Les Républicains) et le communiste Jean-Jacques Candelier dans une lettre au ministre datée du 2 octobre.
L’appel d’offres, lancé en mai 2014, porte sur la livraison de 90.000 fusils d’assaut dits « Aif » (Arme individuelle future) pour remplacer, à partir de 2017, le Famas, en service depuis près de 40 ans.
« Tout a été mis en oeuvre dans la procédure d’appel d’offres pour exclure, de fait, toute solution nationale. Cela n’est pas acceptable », estiment les deux parlementaires.
Selon les critères fixés, seules les entreprises réalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 80 millions d’euros depuis plus de trois ans peuvent concourir, ce qui exclut des PME, notamment françaises.
« Aussi loin que remonte l’histoire de nos armées, le fantassin français a toujours été équipé d’une arme fabriquée sur notre sol », affirment encore les deux députés.
Les forces spéciales françaises ont toutefois recours depuis plusieurs années à des armes plus adaptées à leurs besoins, dont le fusil d’assaut allemand HK 416.
« Aujourd’hui, la France, capable de fabriquer des avions de combat, des frégates et des canons, a la ressource industrielle pour concevoir et fabriquer le successeur du Famas », soulignent MM. Meunier et Candelier.
Interrogé, le ministère de la Défense n’a fait aucun commentaire. En juin 2014, M. Le Drian, saisi de la même question à l’Assemblée nationale, avait souligné que les entreprises françaises capables de produire ce type d’armement « ne le font plus ou ont été fermées », comme la manufacture d’armes de Saint-Étienne.
Le marché doit être notifié fin 2016. Plusieurs fusils d’assaut européens rivalisent sur ce créneau, dont l’allemand HK 416 (Heckler und Koch), le belge SCAR (Fabrique Nationale d’Herstal) et l’italien ARX 160 (Beretta).