Loin des regards, le site abrite en effet les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (FOST).
Ces bâtiments de 138 mètres de long, 12,5 de diamètre et 14.200 tonnes, indétectables lorsqu’ils sont tapis au fond des océans, sont capables de frapper à tout moment sur ordre du chef de l’État tout pays menaçant les intérêts vitaux de la France.
Chaque SNLE est équipé de 16 missiles balistiques à têtes nucléaires (jusqu’à six), des armes d’une portée de plus de plus de 6.000 km. « Depuis 1972, il n’y a pas eu un seul jour sans un sous-marin à la mer », assure à l’AFP le capitaine de vaisseau Mikaël Buhé, commandant de la base de l’Ile Longue.
Pour rejoindre cette dernière, où travaillent chaque jour quelque 2.000 personnes dont une moitié de salariés du privé, deux possibilités: la route, après un trajet d’une heure depuis Brest, ou la mer, à bord d’un des nombreux transrades de la compagnie Morlenn Express, effectuant le trajet tous les jours et quelles que soient les conditions météorologiques.
L’Île Longue se situe sur une presqu’île de quelque 150 hectares rattachée à la presqu’île de Crozon, haut-lieu du tourisme breton avec ses côtes sauvages et découpées et ses plages de sable fin.
A bord du transrade, les salariés des quelques 350 entreprises intervenant sur place ou employés de la Marine effectuent un trajet de 25 minutes, escortés par un canot de la gendarmerie maritime, unité également présente à bord.
Accompagnés de Gitan, un berger allemand entraîné à la recherche d’explosifs, deux gendarmes parcourent en ce début décembre le navire. « Depuis les attentats, les contrôles sur les bateaux sont devenus systématiques alors qu’avant ils étaient aléatoires », confie à l’AFP l’un d’entre eux.
– ‘nombreux contrôles’ –
« L’Île Longue est une zone très protégée avec de nombreux contrôles », prévient Bastien, un Niçois de 28 ans, rencontré sur le pont arrière d’où il admire la vue. « La rade est magnifique », note le sous-marinier chargé de l’installation des missiles balistiques à bord des SNLE, un « métier exceptionnel » pour lequel il accepte de se plier aux nombreuses contraintes sécuritaires qui y sont liées.
Après être passés devant les deux immenses bassins fermés où sont entretenus à sec les SNLE, les ferries débarquent leurs passagers face à la « cathédrale », la zone de contrôle à partir de laquelle téléphones, tablettes, appareils photos et mêmes cartes USB sont strictement interdits.
Et gare à celui qui oublierait de laisser son appareil à la maison ou, en dernier recours, dans un des mini-casiers installés à l’entrée de la zone. « En cas de passage avec un téléphone, la sanction est immédiate » et l’imprudent est exclu du site, prévient un des gendarmes chargés du contrôle des accès.
Une fois passés les contrôles -vérification des badges nominatifs et cryptés et reconnaissance digitale- chacun se dirige à bord d’un bus vers sa zone de travail, située dans une nouvelle enceinte, avec nécessité pour y pénétrer de montrer à nouveau patte blanche.
Caserne des pompiers, infirmerie, centre de protection radiologique ou d’entraînement au sauvetage, zones de restauration et d’hébergement, cinéma, mais également site d’assemblage des missiles ou usines destinées à la fabrication des éléments dont un SNLE a besoin à quai (eau déminéralisée, air sous haute pression, azote…), les activités à l’Île Longue sont nombreuses et ont une seule et unique finalité: faire en sorte qu’il y ait toujours en mer, et pour des patrouilles de 70 jours, au moins un SNLE.