Au moins cinq morts dans l’incendie du ferry Norman Atlantic

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a confirmé lundi en milieu de journée le bilan de cinq morts, lors d’une conférence de presse de fin d’année à Rome.

M. Renzi a remercié les sauveteurs qui ont permis d’éviter une « hécatombe » en mer, et assuré que les opérations de secours prendraient fin dans les heures qui viennent.

Les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises se sont lancées dans une course contre la montre pour récupérer des dizaines de personnes, toujours prises au piège lundi sur le pont de ce ferry, le Norman Atlantic, qui transportait 478 passagers et membres d’équipage, en majorité Grecs.

Vers 12H00 locale (11H00 GMT) lundi, la marine militaire italienne indiquait que 379 personnes avaient été récupérées par les hélicoptères et les navires envoyés sur place. Quelque 99 personnes étaient toujours à bord lundi, ballottées par une mer démontée, souffrant du froid après avoir respiré des heures durant la fumée de l’incendie désormais circonscrit.

Une cinquantaine de ces rescapés, exténués et transis de froid, sont arrivés lundi matin à Bari (sud-est), à bord du cargo « Spirit of Piraeus », selon les autorités italiennes.

« La situation est bonne » pour ces rescapés, en majorité grecs, a commenté le préfet de Bari, Antonio Nunziante.

L’un d’entre eux avait toutefois des bandages aux mains, et un médecin a confirmé que certains souffraient de brûlures aux pieds ou aux mains, mais toutefois sans gravité.

« Ils ont pleuré et embrassé leurs sauveteurs », a-t-il indiqué aux journalistes rassemblés où s’est amarré le porte-conteneurs.

– très amer –

Un de ces rescapés, non identifié, s’est montré toutefois très amer sur les circonstances du drame, qui a débuté tôt dimanche matin au large de l’Albanie.

Interrogé sur la chaîne italienne SKYTG24, ce rescapé a dénoncé le manque patent d’entraînement de l’équipage et l’impossibilité de mettre des chaloupes à la mer. « Une seule a pu être mise à l’eau », a-t-il lancé.

Fotis Tsantakidis, chauffeur de camion, a raconté de son côté au journal grec Ethnos qu’il s’était réveillé à cause d’une intense odeur de brûlé. « Je suis sorti en courant. Je cherchais un gilet de sauvetage mais j’en ai pas trouvé », a-t-il dit, ajoutant qu’il avait pu embarquer sur le « Spirit of Piraeus » en dépit des fortes vagues rendant la manoeuvre très périlleuse.

« Un Italien est tombé à l’eau à ce moment là mais il portait heureusement un gilet de sauvetage », a-t-il raconté.

Un passager grec n’a pas eu cette chance. Tombé du ferry dans des circonstances peu claires, il est resté plus de quatre heures dans l’eau aux côtés de sa femme, qui a raconté son calvaire à l’agence italienne Ansa.

– « J’ai vu mourir mon mari » –

« J’ai vu mourir mon mari. J’ai essayé de le sauver, mais je n’y suis pas arrivée », a-t-elle dit depuis un hôpital de Lecce (sud-est de l’Italie) où elle a pu être transportée après avoir été sauvée.

« Ce navire n’aurait pas du partir avec un temps aussi mauvais », a-t-elle également déploré

Les premiers rescapés sont arrivés dans la nuit de dimanche à lundi à Brindisi, dans le sud-est de l’Italie, à environ 40 milles (environ 75 kilomètres) de la position estimée du ferry en mer Adriatique.

La marine militaire italienne, qui coordonne les secours, et les autorités maritimes grecques ont assuré des rotations, 37 au total, selon les garde-côtes.

La plupart des rescapés sont indemnes, mais souffrent d’hypothermie ou de problèmes respiratoires, selon les sauveteurs interrogés par les médias italiens.

Les autorités italiennes ont mobilisé quatre remorqueurs dans le but de stabiliser dans un premier temps le Norman Atlantic, un ferry de 186 mètres de long.

« Pour le moment, le plus important est de récupérer les passagers et membres d’équipage », a déclaré à la chaine italienne Rainews, le capitaine de frégate, Riccardo Rizzotto, de la marine militaire italienne.

Il est question ensuite de le remorquer jusqu’au port de Brindisi, si les conditions météorologiques le permettent, mais un remorquage vers l’Albanie, plus proche, est envisagé en cas de besoin.

Le feu s’est déclaré sur le ferry dimanche à l’aube dans l’emplacement réservé aux véhicules, par une mer démontée et des vents violents, alors que le bateau assurait la liaison entre Patras, dans le sud-ouest de la Grèce, et Ancône, dans l’est de l’Italie.

Le ferry, construit en 2009, battant pavillon italien et affrété par la compagnie grecque Anek, avait récemment été inspecté. Selon l’armateur italien, un problème avait été détecté sur l’une des portes pare-feu, située sur le pont numéro 5, précisément à l’endroit où l’incendie se serait déclenché, a indiqué le groupe Visenti, cité par l’agence de presse italienne Ansa.

Le parquet de Bari a ouvert une enquête criminelle pour tenter d’éclaircir les circonstances de ce drame et trouvé les responsables.

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