Le Comité du patrimoine mondial appelle l’Australie à soumettre « d’ici au 1er février 2015 » un rapport « faisant état, entre autres, de la mise en oeuvre des actions » de protection, selon le texte de la décision.
Il s’agit de « considérer, dans le cas de confirmation d’un péril potentiel ou prouvé pour sa valeur universelle exceptionnelle, l’inscription éventuelle du bien sur la liste du patrimoine mondial en péril », ajoute le texte.
Dans sa décision, le Comité « note avec préoccupation les récentes adoptions de projets de développement côtier » et « regrette l’adoption » par l’Australie d’un « projet de déversement de 3 millions de mètres cubes de matériaux dragués sur le territoire du bien avant d’avoir réalisé une évaluation générale d’autres options ».
Mais il « accueille favorablement les efforts accomplis » par l’Australie « en matière de qualité des eaux ».
La Malaisie et le Japon ont proposé des amendements visant à adoucir la déclaration, mais une majorité écrasante de membres du comité a exigé et obtenu que l’on retienne la version originale du projet de décision, bien plus exigeante.
Un responsable australien du Fonds mondial pour la nature (WWF), Richard Leck, a salué le « courage » du comité qui a résisté aux « pressions intenses » des autorités australiennes cherchant à vider la déclaration d’une partie de sa substance, selon lui.
L’Australie s’était déclarée confiante il y a une semaine de pouvoir éviter un placement de la Grande barrière de corail sur la liste du patrimoine mondial en péril après la publication d’un rapport indiquant une baisse des polluants dans l’eau.
Les autorités australiennes se félicitaient jeudi de la décision de l’Unesco.
« Notre action forte pour la protection de la Grande barrière produit déjà des résultats (…). Cette décision est une victoire de la raison et de la science sur la rhétorique et le catastrophisme », a réagi le ministre de l’Environnement de l’Etat côtier du Queensland (est), Andrew Powell.
L’Unesco a prévenu Canberra que sans des mesures décisives pour l’imiter le développement industriel du littoral et la qualité des eaux de la Grande barrière, celle-ci serait portée à cette liste.
Le gouvernement australien a récemment autorisé l’extension d’un port d’exportation de charbon et le directoire du parc marin de la Grande barrière de corail a approuvé le rejet de trois millions de m3 de déchets de dragage dans les eaux du parc.
Inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco en 1981, la Grande barrière s’étend sur environ 345.000 km2 le long de la côte orientale australienne et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde avec 3.000 « systèmes » récifaux et des centaines d’îles tropicales.
Le récif a perdu plus de la moitié de ses coraux au cours des 27 dernières années sous l’effet de facteurs météorologiques (tempêtes), climatiques (réchauffement) et industriels.
Par ailleurs, la ville bolivienne de Potosi a été placée mardi sur la liste du patrimoine mondial en péril. Le Comité s’est en revanche abstenu d’inscrire sur cette liste le palais de Westminster, contrairement aux recommandations de ses organes consultatifs.