Cette communication, établie à la demande des Etats dans la perspective du sommet européen de décembre censé donner une nouvelle impulsion à l’Europe de la défense, touche à la politique industrielle, au marché intérieur et à la recherche notamment.
Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a insisté sur le fait que Bruxelles n’avait « pas de compétences militaires » et ne voulait « pas en avoir ». Il a aussi appelé les Etats membres à progresser vers une défense commune, « tout en respectant les engagements » vis-à-vis de l’Otan.
M. Barroso, auquel on prête des ambitions à la tête de l’Alliance atlantique après son deuxième mandat à la présidence de la Commission, a assuré que sa communication n’avait « rien à voir » avec son avenir. « Tout lien entre cette communication et ce que je pourrais faire ou ne pas faire dans le futur est de la pure spéculation », a-t-il insisté au cours d’une conférence de presse.
Il a souligné que l’industrie européenne de la défense employait directement quelque 400.000 personnes pour un chiffre d’affaires d’environ 96 milliards d’euros en 2012.
Mais le secteur souffre des contraintes budgétaires, avec des budgets nationaux en baisse dans tous les pays. L’Europe ne consacre plus que 1,6% de son PIB à sa défense contre 5% pour les Etats-Unis. En 2011, les dépenses militaires sont tombées dans l’UE à environ 180 milliards d’euros contre plus de 200 milliards il y a cinq ans.
Il souffre aussi d’une grande fragmentation, qui conduit à des doublons. Ainsi la Commission souligne que l’Europe dispose de 16 types de frégates, contre un seul aux Etats-Unis.
Bruxelles estime aussi qu’il faut agir pour maintenir les capacités industrielles et technologiques européennes.
La Commission veut améliorer le fonctionnement du marché intérieur de la défense en permettant une meilleure ouverture des marchés publics et en luttant conte les distorsions de marchés.
En matière de compétitivité, elle veut agir sur la normalisation avec l’élaboration de normes dites « hybrides » bénéficiant aux marchés de la sécurité et de la défense, et soutenir les PME en favorisant la mise en place de « clusters », une sorte de regroupements.
Elle veut aussi développer les synergies entre recherches civile et militaire ainsi que les capacités technologiques à double usage.
Le commissaire chargé de l’Industrie, Antonio Tajani, qui intervenait au côté de M. Barroso, a aussi évoqué la coopération dans le domaine des satellites et de drones.
« Mais la Commission n’a pas l’intention de marcher sur les plates-bandes des Etats », a-t-il assuré.
Son collègue Michel Barnier (Marché intérieur) a assuré que la Commission était allée « à la limite de ses compétences ».
Sur fond d’affaire d’espionnage américain, notamment des institutions européennes, il a plaidé pour que l’Europe soit un « acteur influent et respecté d’abord par ses alliés, ce qui n’est pas toujours le cas ».
« Elle doit être autonome (…) et se donner les moyens de sa souveraineté », a-t-il ajouté en rappelant que les Américains eux-mêmes demandaient à l’UE de « prendre ses responsabilités » en matière de défense.