Le maire de la deuxième plus grande ville du Canada, Denis Coderre, avait autorisé la veille cette opération qui, selon lui, n’aurait que « peu d’impact » sur l’environnement.
Ces rejets d’égouts et de toilettes devaient avoir lieu du 18 au 25 octobre dans le fleuve en raison de travaux de grande ampleur sur un échangeur autoroutier sous lequel se trouve une conduite acheminant en temps normal ces eaux usées vers une station d’épuration.
Ce projet est « profondément préoccupant » et contrevient à la loi fédérale des pêches « qui interdit d’immerger ou de rejeter une substance nocive dans des eaux vives des poissons », a souligné en conférence de presse le ministre fédéral des Infrastructures, Denis Lebel.
Pour cette raison, le gouvernement « demande au maire Denis Coderre de suspendre ces plans tant qu’une évaluation appropriée n’aura pas été effectuée », a indiqué M. Lebel.
Après avoir d’abord demandé la suspension du rejet du tiers des égouts montréalais, M. Coderre avait donné son aval pour éviter d’avoir recours à 1.500 camions vidanges, une option qui « n’est pas réaliste de façon technique ».
Le Premier ministre du Québec Philippe Couillard a pour sa part appuyé mardi la décision montréalaise, jugeant également que c’était l’option ayant le moins d’impact sur l’écologie.
Annoncé la semaine dernière, ce projet a créé un tollé dans l’opinion publique québécoise. Une pétition en ligne intitulée « Le Saint-Laurent n’est pas une poubelle » avait recueilli mardi 73.200 signatures.
Prenant sa source dans les Grands Lacs, le Saint-Laurent se jette dans l’Atlantique nord, dans le golfe qui porte son nom, après avoir parcouru 1.100 km. On y recense 64 espèces d’animaux terrestres, 19 espèces marines, dont des dizaines de baleines et l’unique colonie de bélougas en-dehors de l’Arctique, 80 sortes de poissons et 399 types d’oiseaux différents. Le Saint-Laurent fournit également 45% de l’eau potable consommée par les huit millions de Québécois.