Ces disparitions d’archives ont été dévoilées lors d’une audition le 2 juillet devant une commission d’enquête parlementaire qui examine l’impact économique, sanitaire et environnemental de l’utilisation de deux pesticides dangereux aux Antilles, le chlordécone et le paraquat.
Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) et l’association guadeloupéenne Vivre, qui « défend les personnes victimes d’empoisonnement au chlordécone », ont déposé mardi une plainte commune contre X auprès du procureur de Paris pour « violation des obligations de conservations des archives publiques », « détournement d’archives publiques », « corruption active » et « recel », selon le texte de la plainte dont l’AFP a obtenu copie.
Le chlordécone, pesticide utilisé pour combattre un insecte dévastant les bananeraies antillaises entre 1972 et 1993, est notamment suspecté d’avoir des effets toxiques pour l’homme. Selon Santé publique France, plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone.
Lors de son audition devant la commission d’enquête, présidée par le député de Martinique Serge Letchimy, le directeur général de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), au ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, Bruno Ferreira, a indiqué que tous les comptes rendus de la Commission de toxicité entre février 1972 et juin 1989 avaient disparu des archives.
Il a précisé qu’il n’avait pas d’explications sur les raisons de cette disparition et souligné que cette absence avait déjà été relevée dans un rapport parlementaire de 2005.
« Les services de l’Etat ont été dans l’impossibilité de produire les comptes rendus de la Commission de la toxicité entre février 1972 et juin 1989 », déplorent les deux associations, qui évoquent des archives « aussi sensibles qu’essentielles ».
Interdit dès 1977 aux Etats-unis, le chlordécone a été déclaré comme dangereux par plusieurs rapports durant cette période, notamment par l’OMS, a rappelé lors de l’audition, le député Letchimy.
« Compte tenu de l’importance de ces documents, il est indispensable, sans attendre les conclusions de la Commission d’enquête parlementaire, de mener une investigation approfondie sur l’étendue de la dissipation des documents, les causes et les personnes impliquées directement ou indirectement dans cette atteinte intolérable à la mémoire collective », jugent les deux associations.