Crainte d’une résurgence de la piraterie dans le golfe d’Aden après l’attaque d’un pétrolier dans le golfe d’Aden

Nairobi, 6 nov 2025 (AFP) – Une attaque jeudi contre un pétrolier à bord duquel des assaillants ont pu se hisser au large de la Somalie fait craindre une résurgence de la piraterie au large de la corne de l’Afrique, après deux incidents similaires récents.

L’Hellas Aphrodite, parti de Sikka (Inde) et faisant route vers Durban (Afrique du Sud), a été attaqué vers 12H00 (09H00 GMT) à environ 1.000 km des côtes somaliennes, selon son armateur Latsco Marine Management Inc.

« Les 24 membres de l’équipage sont sains et saufs, et nous restons en contact étroit avec eux », a commenté dans un communiqué cette entreprise grecque, refusant de fournir toute information supplémentaire pour raisons de sécurité.

Selon l’agence britannique de sécurité maritime UKMTO, le navire a été approché par l’arrière par une petite embarcation qui a fait feu avec des armes légères et des lance-roquettes. Les assaillants sont parvenus à monter à bord.

La force navale de l’UE dans la région a confirmé sur X un acte de piraterie et indiqué être prête à intervenir près du lieu de l’incident.

Les craintes sont fortes d’une reprise de la piraterie au large de la Corne de l’Afrique, comme entre 2005 et 2012.

Le précédent navire volé et emmené avec son équipage en Somalie, le vraquier MV Ruen, l’avait été en 2024. Une tentative similaire avait échoué trois mois plus tard.

Avant cela, des pirates somaliens avaient réussi à prendre possession du tanker Aris 13 en 2017, un détournement lui-même inédit depuis 2012.

L’attaque contre l’Hellas Aphrodite survient trois jours à peine après une tentative ratée d’abordage du tanker MV Stolt Sagaland au large de la Somalie.

Quatre personnes avaient tenté lundi de monter à bord du navire, selon un bulletin du pôle d’expertise français de sûreté maritime Mica Center. Une équipe de sécurité privée les avait mis en déroute après des échanges de tirs.

La veille, une embarcation s’était approchée du FV Intertuna Tres, dont elle s’était éloignée après que le navire avait déclenché ses sirènes, selon le Mica Center.

– Rançons –

Les forces navales internationales jugeaient lundi « critique » le niveau d’alerte dans la zone, avec une possibilité d’attaque « quasiment certaine », soit « supérieure à 95% », sur le flanc est des côtes somaliennes.

« Il est encore un peu tôt pour le dire, mais la menace d’une résurgence de la piraterie n’a jamais été si haute depuis 2013 », estime Timothy Walker, chercheur à l’Institut des études de sécurité (ISS).

Si la météo est particulièrement adaptée à ces assauts en haute mer, avec la fin de la mousson, plusieurs groupes de pirates présumés « se sont aussi équipés en nouveaux bateaux », affirme-t-il.

Le modus operandi traditionnel des pirates est de saisir des bateaux de pêche (boutres motorisés, chalutiers) pouvant parcourir de grandes distances pour en faire un « vaisseau-mère », d’où sont ensuite lancées des opérations avec des embarcations plus maniables.

La société de sécurité maritime britannique Ambrey avait estimé dans un communiqué mercredi que les tentatives d’attaque des jours précédents étaient probablement liées au détournement d’un boutre somalien fin octobre. Selon Ambrey, le groupe l’ayant dérobé « utilise probablement ce bateau comme navire-mère ».

Le même groupe de pirates, « agiles et déterminés », est « vraisemblablement derrière tous ces évènements », estime le Mica center.

La motivation est avant tout financière : les rançons payées contre la libération des équipages se montaient par le passé en « millions de dollars », les pirates touchant eux-mêmes « au minimum 50.000 dollars » par personne en cas de succès, selon Timothy Walker – une fortune en Somalie.

La Somalie, baignée au nord par le golfe d’Aden et à l’est par l’océan Indien, est un repaire historique de piraterie.

Après un pic en 2011, les actes de piraterie avaient fortement diminué avec le déploiement de bâtiments de guerre internationaux (UE, Inde…), la création de la PMPF (Force de police maritime du Puntland, un État somalien) et l’installation de gardes armés à bord de navires commerciaux.

Ces opérations militaires sont toujours en cours et, contrairement aux années 2000, les navires marchands sont conscients des risques et rompus aux procédures de sécurité.

bur-tll-jcp-jf/mba

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