« Aujourd’hui comme hier, notre avenir (…) se joue au large », a affirmé le Premier ministre sur le pont du pétrolier ravitailleur de la Marine nationale Jacques Stosskopf, à l’issue d’un comité interministériel de la mer (CIMer) à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
La France, métropolitaine et ultramarine, dispose de la deuxième plus grande surface maritime du monde avec 11 millions de kilomètres carrés de mers et d’océans et 20.000 km de côtes.
Face à la menace économique, « avec une concurrence internationale accrue qui fragilise le modèle économique de nos filières maritimes », à la menace environnementale, « avec une aggravation de la pollution qui met en péril la biodiversité marine » et la menace géopolitique, « avec l’apparition de nouveaux risques », « nous devons apporter une réponse qui soit claire, efficace et durable », a relevé le chef du gouvernement.
Ce rendez-vous a lieu quelques semaines avant l’accueil par la France, le 9 juin à Nice, de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc 3), autour de laquelle le gouvernement a lancé une « Année de la mer ».
François Bayrou a annoncé à cette occasion l’affectation de 90 millions d’euros, issus du marché européen des émissions polluantes, à la décarbonation du secteur maritime, qui pourront être mobilisés en 2026 et financeront la modernisation des navires, les infrastructures portuaires et la production de carburants alternatifs.
« Réussir la décarbonation de notre flotte, c’est nous assurer de disposer d’une économie maritime compétitive », a-t-il fait valoir.
– Eolien à la Réunion –
François Bayrou a auparavant visité des ateliers des Chantiers de l’Atlantique, où le groupe suisse MSC Croisières a récemment confirmé la commande de deux nouveaux navires, ainsi que le chantier du plus grand yacht de luxe à voile, l’Orient Express Corinthian.
Il était accompagné par quatre ministres: Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique, Biodiversité, Forêt, Mer et Pêche), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Marc Ferracci (Industrie et Énergie) et Philippe Tabarot (Transports).
Le gouvernement entend aussi « mobiliser à court terme » les retombées financières des parcs éoliens en mer pour renouveler une flotte de pêche vieillissante. En 2023, Emmanuel Macron avait évoqué une enveloppe de 700 millions d’euros fondée sur la future fiscalité de ces projets.
Des « études préalables » vont être lancées pour un éventuel projet d’éolien en mer sur l’île de la Réunion.
Toujours pour l’Outremer, le gouvernement va lancer un troisième plan national de lutte contre la prolifération des sargasses, ces algues brunes aux émanations toxiques qui envahissent le littoral des Antilles.
Il sera « lancé dans les mois qui viennent » a précisé le Premier ministre et axé notamment sur « le soutien à la collecte et à la destruction de ces algues », avec le recours accru à des navires appelés « sargator », capables de collecter seize tonnes d’algues par heure.
Afin de prévenir et s’adapter au recul du trait de côte lié au changement climatique, l’exécutif va étudier dans le prochain budget l’idée d’une « contribution ciblée sur les usages liés à l’agrément du littoral », selon le principe que le « littoral doit financer le littoral ».
– Sauveteurs en mer –
Contre la pêche illégale, il entend modifier le code rural et de la pêche pour faciliter la destruction par immersion des navires de pêche sans pavillon ni propriétaire, et renforcer le recours à des drones aériens.
Pour lutter contre la pollution des plastiques, il va réviser la feuille de route pour la période 2026-2030.
Sur le régalien, le gouvernement va lancer une mission parlementaire pour faire évoluer le régime de responsabilité juridique des sauveteurs en mer, parfois mis en cause dans leurs actions bénévoles, et étudier son élargissement à d’autres sauveteurs comme les garde-côtes.
Face aux nouvelles menaces géopolitiques et pour garantir la « souveraineté maritime » du pays, le CIMer a validé l’étude d’une « force maritime de complément » à la Marine nationale, et le projet d’améliorer la réquisition des navires de commerce « en temps de crise ».
L’interdiction du chalutage dans les aires marines protégées n’était pas au menu du CIMer mais pourrait être abordée lors de la conférence de Nice.
A l’occasion de ce déplacement, le cabinet du Premier ministre a rencontré une délégation intersyndicale d’ArcelorMittal, inquiète des suppressions d’emplois envisagées à Basse-Indre, près de Nantes.