Le Parquet national financier (PNF) a demandé une peine complémentaire de cinq ans d’inéligibilité ainsi qu’une amende de 150.000 euros, estimant que l’élu s’est « personnellement enrichi » et que « les fonds n’ont pas pu recevoir une autre utilisation publique, alors que les finances de la ville de Fort-de-France étaient exsangues ».
Héritier politique d’Aimé Césaire, Serge Letchimy, 72 ans, est poursuivi pour recel de détournement de fonds publics aux côtés du maire de Fort-de-France Didier Laguerre, de son premier adjoint Yvon Pacquit et de l’ancien directeur général de services de la collectivité.
Le PNF, basé à Paris, reproche à M. Letchimy d’avoir été réintégré comme ingénieur territorial au premier trimestre 2016, le temps de faire valoir ses droits à la retraite anticipée, alors qu’il siégeait à l’Assemblée nationale où il a été député jusqu’en 2021.
Cette décision aurait coûté à la mairie de Fort-de-France 34.000 euros en salaires et charges pendant trois mois. L’élu est aussi accusé d’avoir perçu indûment environ 67.000 euros d’incitation financière au départ et 97.000 euros de pensions entre avril 2016 et mars 2019.
« La probité d’un député, d’un ancien maire, est une valeur cardinale (…) Ce n’est pas une obligation, c’est un devoir », a insisté la représentante du PNF, qui a dénoncé un comportement « de nature à entamer la confiance des citoyens ».
À la barre, l’actuel président de la collectivité territoriale de Martinique (CTM) a assuré n’avoir jamais eu conscience d’une quelconque illégalité. Il a expliqué avoir envisagé d’abandonner la politique après sa défaite aux régionales de 2015 et avoir demandé à faire valoir ses droits à la retraite, suivant à la lettre les indications des services municipaux.
Didier Laguerre, qui a succédé à M. Letchimy à la mairie de Fort-de-France, a lui aussi fait l’objet de réquisitions: dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis simple, 15.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.
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