Election au Groenland : les richesses minérales au coeur de la campagne

Le parti du Premier ministre sortant, Kuupik Kleist, Inuit Ataqatigiit (IA, indépendantiste d’extrême gauche), est au coude-à-coude dans les sondages avec le parti social-démocrate, le Siumut, d’Aleqa Hammond.

« Notre économie ne peut plus exclusivement se reposer sur la pêche. Nous devons mettre en mouvement le secteur minier et l’industrie », a déclaré le chef du gouvernement, au pouvoir depuis quatre ans, selon l’édition électronique de l’hebdomadaire Sermitsiaq.

M. Kleist a récemment fait voter une loi qui exempte du droit social local les entreprises étrangères investissant plus de cinq milliards de couronnes (670 millions d’euros, 873 millions de dollars) dans de grands projets miniers.

L’exploitation des ressources minérales de cette l’île de 57.000 habitants n’est pas consensuelle. La sociale-démocrate Aleqa Hammond a estimé qu’il fallait chercher à augmenter les recettes publiques provenant des ressources naturelles (pétrole, gaz, or, diamant, uranium, zinc, plomb).

« La chose la plus importante pour nous est d’introduire des redevances sur nos matières premières », a-t-elle affirmé à la presse, ajoutant que son parti souhaitait une participation plus démocratique de tous les Groenlandais, y compris de ceux vivant dans les régions les plus reculées.

A Copenhague, la loi, qui autorise les compagnies minières étrangères à appliquer les conditions sociales prévalant dans leur pays d’origine, n’a pas fait l’unanimité.

Ses détracteurs dénoncent un moyen de favoriser les projets de compagnies minières chinoises, qui envisageraient d’employer quelque 2.000 travailleurs chinois. La Premier ministre HelleThorning-Schmidt a indiqué qu’elle comptait la promulguer par respect pour l’autonomie du territoire.

M.Kleist a déclaré à l’AFP en février que la nouvelle législation était conforme aux conventions internationales.

Samedi, le dernier sondage a surpris, rompant avec des enquêtes d’opinion qui montraient M. Kleist et Mme Hammond à égalité. 4,5% du corps électoral, soit 1.817 personnes, était interrogé, et le Siumut a été crédité de 45,2% des suffrages contre 32,3% pour IA.

Les sociaux-libéraux de Demokraatit recueillaient 7,9% des intentions de vote, le parti Inuit 7,4% et le parti libéral Atassut 6,3%.

Depuis 2009, le Groenland est entièrement autonome dans la gestion de ses ressources minières et très largement autonome dans sa politique économique, même si des fonctions régaliennes comme la monnaie et la politique étrangère et de défense, restent du ressort de Copenhague, qui verse à l’île plus de trois milliards de couronnes de subventions chaque année.

Selon des estimations américaines, l’île renferme d’importantes réserves d’hydrocarbures, en particulier au pôle nord. Ces ressources attisent d’autant plus les convoitises que le réchauffement climatique pourrait en faciliter la prospection et l’exploitation.

Le Groenland, qui renferme 10% des réserves d’eau douce de la planète, est en effet le territoire le plus menacé par le réchauffement en Arctique.

LAssemblée législative du Groenland compte 31 membres. Elle siège à Nuuk, la capitale.

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