Malgré 280 gendarmes et militaires mobilisés dans le cadre de l’opération Harpie et 1,4 tonne d’or saisie en 2024, « nous avons atteint un plafond de verre en forêt avec nos effectifs actuels », a estimé le général Loïc Baras, commandant de la gendarmerie en Guyane, lors d’un bilan de la lutte contre l’orpaillage illégal.
D’après ce bilan, 8.000 chercheurs d’or clandestins sont présents en Guyane, répartis sur 591 sites d’extraction aurifère, et la préfecture de Guyane estime à près de six tonnes l’or extrait illégalement en 2025, contre une tonne produite par la filière légale.
L’orpaillage illégal est responsable de la destruction de 150 hectares de forêt et de 100 km de cours d’eau chaque année. Depuis 2003, plus de 3.600 kilomètres de rivières ont été détruits en Guyane, soit sept fois la Garonne, selon un rapport de la commission au développement durable de l’Assemblée nationale publié en novembre.
Après avoir cherché à « détruire les moyens de productions » des orpailleurs illégaux en forêt, les autorités cherchent aujourd’hui « à mieux contrôler les flux logistiques », a souligné lors de ce bilan le préfet de Guyane, Antoine Poussier.
Cette évolution est nécessaire pour s’adapter « à une pression plus diffuse » des orpailleurs illégaux, motivés par le quadruplement du cours de l’or passé de 35 euros le gramme en 2017 à 115 euros en 2025, a-t-il estimé.
« Avec l’augmentation du cours de l’or, le nombre de sites plus rentables est en forte hausse », a affirmé M. Poussier, qui regrette également la coopération internationale « insuffisante », notamment avec le Suriname.
Ce pays qui partage 520 km de frontière poreuse avec la Guyane constitue la base arrière des orpailleurs, tant pour la logistique via des comptoirs installés le long du fleuve Maroni que pour écouler l’or.
Selon une étude de l’ONG environnementale WWF, 80% du métal précieux prélevé en Guyane est revendu au Suriname. « La clef de l’orpaillage illégal n’est pas à Cayenne, elle est à Paramaribo et dans une moindre mesure Brasilia », a estimé M. Poussier.
L’orpaillage illégal pose des problèmes de santé publique. L’utilisation de mercure dans l’extraction illégale empoisonne les populations de l’intérieur de la Guyane, notamment celles vivant le long du Maroni, « dans un état catastrophique sur le plan sanitaire et environnemental », a souligné auprès de l’AFP Laurent Kelle, du bureau local de WWF.




