En manque de phoques, les ours blancs se tournent – mal – vers les oeufs (études)

Paris, 7 avr 2021 (AFP) – Les ours polaires, grands prédateurs dont les habitudes de chasse sont bouleversées par le changement climatique, se tournent vers les nids de canards pour y manger les oeufs, mais ne sont pas très performants dans cette nouvelle façon de se nourrir, selon une étude publiée mercredi.

Le danger que fait courir aux ours blancs le réchauffement climatique, dont les effets sont particulièrement sensibles dans l’Arctique où ils vivent, est bien connu. Des images d’animaux coincés sur des petits morceaux de glace partis à la dérive, ou faisant les poubelles dans des localités du grand Nord, ont ainsi fait le tour du monde ces dernières années.

Et le rétrécissement toujours plus marqué de la banquise a une conséquence directe sur l’alimentation de ces animaux, en limitant les possibilités de chasser le phoque, leur proie de prédilection.

Pour étudier les changements concrets causés par ces modifications dans les habitudes de chasse des ours, des chercheurs canadiens ont suivi une vingtaine d’animaux à l’aide de drones dans le territoire du Nunavut.

Le résultat de leurs observations, publié mercredi dans le journal Royal Society Open Science, montre ces prédateurs s’en prenant aux nids de canards Eider pour y dévorer les oeufs. Mais sur une période de 11 jours, à mesure que le nombre d’oeufs restant diminuait, les ours revenaient sur des nids déjà vidés dans l’espoir d’y trouver de la nourriture. Ils ne faisaient pas non plus le lien entre la présence de canards et la possibilité de trouver des oeufs.

« Ceci montre que si une espèce peut intégrer des ressources non préférées dans son régime quand sa proie principale devient plus difficile à trouver, elle peut ne pas être capable de le faire efficacement », écrivent les auteurs.

Et si les ours tirent des oeufs des calories appréciables, ce régime ne devrait pas fournir une source de nourriture durable pour « ursus maritimus, » espèce classée « vulnérable ».

La population sauvage d’ours polaires est estimée à 25.000 individus, répartis à travers l’Alaska, le Canada, le Groenland, la Norvège et la Russie.

Une étude publiée en juillet dernier dans Nature Climate Change estimait qu’ils pourraient s’éteindre par manque de nourriture d’ici la fin du siècle. Et tout récemment, une étude dans Global Change Biology, basée sur l’étude de l’usure dentaire de crânes d’ours blancs dans des musées d’histoire naturelle, soulignait que leur régime ultra-spécialisé (gras et chair de phoque principalement) remontait à des siècles et les mettait en danger de ne pas pouvoir s’adapter.

Une possible évolution pour l’espèce serait un croisement avec les ours Grizzly, plusieurs reproductions entre les deux famille d’ours ayant déjà été relevées, selon les chercheurs.

Voir les autres articles de la catégorie

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.