Quelque 230 salariés travaillaient sur les trois mines encore exploitées de la commune de la côte Est, dont l’histoire est étroitement liée à l’industrie minière.
C’est là qu’en 1875, le tout premier minerai de nickel a été extrait, donnant naissance à une industrie aujourd’hui en pleine mutation. La SLN y est née 5 ans plus tard, en 1880, et n’avait jamais interrompu son activité sur place, même pendant les graves troubles des années 1980, dont Thio était l’épicentre.
Mais cette fois, la SLN estime être « contrainte d’engager la mise en sommeil de ses sites de Thio, du fait de l’empêchement absolu et durable d’y accéder et d’exploiter les mines », écrit le directeur général de l’entreprise, Guillaume Kurek, dans un courrier adressé aux salariés et consulté par l’AFP.
Les dégâts subis à Thio par la SLN au cours des exactions qui ont touché la Nouvelle-Calédonie à partir de début mai sont conséquents : le convoyeur qui permettait de charger les minéraliers a été entièrement détruit par un incendie, de même que des laboratoires, des bureaux et maisons d’employés. Le matériel minier, pelles, chargeuses, camions ont eux aussi été incendiés, détruits ou volés, entraînant « une impossibilité pure et simple d’opérer », précise la SLN, qui pointe également du doigt « les blocages, menaces, et intrusions répétées ».
En plus des 230 salariés, 120 emplois de sous-traitance, qui représentaient selon l’entreprise 31 millions d’euros de contrats annuels, sont menacés.
« La SLN, c’est 140 ans de la vie de Thio. Apprendre une nouvelle pareille, ça n’a rien de réjouissant », a réagi Jean-Patrick Toura, le maire de la commune, auprès de l’AFP. « Toute l’économie, nos magasins, nos marchés dépendent de la mine ».
Les violences qui ont touché la Nouvelle-Calédonie ont eu des conséquences particulièrement désastreuses sur l’industrie du nickel, déjà en grande difficulté bien avant le 13 mai, date du début des troubles.
La concurrence exacerbée de l’Indonésie a contraint de nombreux géants du secteur à mettre en sommeil mines et sites métallurgiques, notamment en Australie. En Nouvelle-Calédonie, cette crise est aggravée par un coût élevé de l’électricité, dont la métallurgie est très consommatrice. Fin août, faute de repreneur, l’usine du Koniambo Nickel SAS, dans le nord du territoire, a été contrainte de fermer ses portes, laissant 1.700 salariés sur le carreau.
La SLN est elle aussi dans le rouge et son actionnaire majoritaire, le groupe français Eramet a indiqué à plusieurs reprises ne plus vouloir financer sa filiale.*
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