« La mer est au coeur de cette problématique de la souveraineté (…) C’est la souveraineté énergétique, alimentaire et d’infrastructure », a-t-il plaidé, après avoir déjà vanté lundi la mer comme un lieu « de puissance » lors de l’inauguration du Musée rénové de la marine à Paris.
En deux jours, le chef de l’Etat a ainsi redessiné sa vision de la « souveraineté maritime française » dans un pays qui conserve, avec ses territoires ultramarins, le deuxième espace maritime au monde derrière les Etats-Unis.
Lors de ces assises réunissant pêcheurs, constructeurs navals, armateurs, élus locaux et associations, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de faire de l’éolien en mer la première source d’énergies renouvelables en France d’ici 2050.
« En 2025, on va déjà lancer dix gigawatts, c’est-à-dire une dizaine de parcs qui entreront en vigueur en 2030-2035 », a-t-il annoncé.
Une production de 10 GW est équivalente à la consommation annuelle électrique de 10 millions de foyers. La France, qui compte aujourd’hui à peine 8 GW de parcs offshore installés ou en projet, a pour objectif d’atteindre 45 GW en 2050.
Cet appel d’offres de 10 GW sera lancé à l’issue d’un débat public – ouvert jusqu’au 26 avril – destiné à identifier les sites sur lesquels seront installés une cinquantaine de parcs. L’objectif est d’établir des zones précises d’implantation aussi bien en Méditerranée qu’en Atlantique, Manche et mer du Nord.
Face aux polémiques récurrentes sur l’éolien, Emmanuel Macron mise sur ce débat national: « On met toutes les cartes sur la table, on s’engueule une bonne fois pour toutes, de manière franche, et on évite de le faire au bout de cinq ans ou dix ans de projets ».
Il a aussi évoqué « près de 200 millions d’euros » d’investissements pour que la France « soit un des leaders dans l’éolien flottant » et évite d’importer des éoliennes de Chine.
– aide au carburant prolongée –
L’éolien en mer va générer des « milliers d’emplois » et rapporter 2,5 milliards d’euros de recettes fiscales « entre 2023 et 2035 », a-t-il assuré.
Sur cette somme, environ 700 millions ira pour la pêche afin de moderniser une flotte vieillissante et polluante, qui a perdu plus d’un quart de ses navires en 20 ans, a-t-il annoncé. Emmanuel Macron souhaite également « moderniser les criées », car aujourd’hui « ça coûte moins cher de débarquer en Écosse ou en Irlande et d’acheminer les captures par camions en France ».
Rappelant le lancement d’ici l’été prochain d’un « vrai contrat de transformation de la pêche française », il a évoqué plusieurs chantiers, dont la question de l’alimentation – 80% du poisson consommé est importé – ou du prix du poisson pas assez rémunérateur pour attirer les jeunes dans la filière.
A court terme, les pêcheurs français bénéficieront de la prolongation européenne jusqu’au 30 juin 2024 de l’aide de 20 centimes par litre de carburant, liée à la flambée des prix de l’énergie dans le contexte de la guerre en Ukraine
Cette mesure, qui expirait le 31 décembre, s’appliquera jusqu’à un plafond de 335.000 euros par entreprise. « Ces 20 centimes seront cumulés avec les aides qu’on a obtenues auprès de plusieurs grands groupes, Total et autres, ce qui fait qu’on aura une aide exceptionnelle que nos pêcheurs n’auront jamais eue », a assuré le président. Le gazole grève jusqu’à 40% du chiffre d’affaires des patrons de pêche.
Par ailleurs, la France consacrera quelque 800 millions d’euros du programme d’investissements France 2030 à des projets de « décarbonation » de ports ou d’infrastructures portuaires.
Emmanuel Macron interviendra aussi sur la protection de la mer lors de la COP28 vendredi et samedi à Dubaï, dans la perspective de la grande conférence des Nations unies sur l’océan prévue en 2025 à Nice. Celle-ci sera précédée d’une « année de la mer » riche en initiatives partout en France (Journées du patrimoine, Loto de la biodiversité, etc), a-t-il promis.